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Charles Michel incendié dans un article, Viktor Orban chante (mal) « no woman, no cry », … quelques anecdotes du sommet européen

En Une du site Politico trônait, dès le petit matin, un article incendiaire sur la manière dont il exercerait (ou pas, justement) son rôle. Le média décrit, longuement, l’exaspération qui monterait dans les cénacles européens quant à la manière dont il pilote les réunions des chefs d’État et de gouvernement, les critiques visant aussi son comportement, sa rivalité avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et ses tentatives de se mettre en avant via ses nombreux voyages à l’étranger . Lors du sommet de février, des diplomates avaient en effet fait part à La Libre de leur irritation quant à la façon dont le président du Conseil européen (dés)organisait les discussions, qui se sont terminées au milieu de la nuit… Récemment, des sources se sont insurgées face aux (fausses) rumeurs qu’aurait répandues l’équipe Michel sur un supposé malaise des Vingt-sept face à la déclaration, moulée sur la sévérité américaine vis-à-vis de la Chine, faite par Mme von der Leyen à Washington.

Les Vingt-sept font un pas pour “bâtir la défense européenne” et entament un « update géopolitique » de leurs politiques communes

L’équipe Michel dénonce, elle, un article « à charge », qui ne cite rien de l’entretien qu’aurait accordé le président à Politico – le média soutient que le Belge a refusé de faire de commentaire… . Quoi qu’il en soit, ce papier tombe comme un cheveu sur la soupe de Charles Michel, qui doit envisager la suite, son mandat se terminant dans un an et demi. Jeudi soir, on peinait presque à suivre la cadence, tant les discussions des leaders semblaient avancer vite. Façon de donner tort à Politico ?

Viktor Orban réécrit (mal) « No woman, no cry »

« No Migration ! No Gender ! No War ! » (Pas de migration, pas de genre, pas de guerre). Le tweet du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, publié au début de la réunion, ressemble à une réécriture de mauvais goût de la chanson « No woman, no cry » – version xénophobe, homophobe et un brin pro-russe. Il fallait rappeler les positions hongroises, où cas où on les aurait oubliées malgré treize ans d’Orban show. Pas de migration, clame le Hongrois, qui refuse de jouer le jeu européen pour gérer ce phénomène… inévitable. « Pas de genre » signifie pas de droits pour les personnes LGBT+. À lire comme une réponse à la plainte déposée par la Commission contre une loi homophobe hongroise auprès de la Cour de justice de l’UE. Plainte à laquelle se sont joints dix États membres, dont la Belgique. Cet engouement est inédit et le sera d’autant plus si la France et l’Allemagne suivent le mouvementavant la date limite (fin mars). Enfin, « pas de guerre », c’est la formule de M. Orban pour cacher (mal) son ambivalence vis-à-vis de la Russie. S’il rechigne à soutenir Kiev, surtout militairement, ce serait parce qu’il est pacifiste. À tel point qu’il refusera d’interpeller Vladimir Poutine s’il s’aventure en territoire hongrois, même si la Hongrie a ratifié le statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d’arrêt contre le président russe. Ce serait – tenez-vous bien – contraire à la législation hongroise, dixit le chef de cabinet de M. Orban.

Les Vingt-sept « prennent note » du mandat d’arrêt émis contre Vladimir Poutine

La plupart des États membres ont accueilli favorablement les mandats d’arrêt émis par la CPI contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, commissaire russe aux Droits de l’enfant. C’est « un bon signe qui montre qu’aucun dirigeant n’a d’immunité » quant aux crimes de guerres commis, a salué la Première ministre estonienne Kaja Kallas.

Kaja Kallas, une histoire personnelle qui pousse à aider l’Ukraine

Mais dans leur déclaration commune, publiée jeudi, les dirigeants européens ont caché leur joie face aux mandats d’arrêt. Le Conseil européen en « prend note ». Sans plus… La position hongroise n’y est sans doute pas pour rien dans cette retenue. Mais il y avait de manière générale une hésitation sur la meilleure réaction à avoir. « Il est plus prudent de ne pas donner de munitions à ceux qui veulent attaquer l’objectivité des structures juridiques », notait une source européenne. Lisez : pas question de donner l’impression au niveau international que la Cour pénale internationale fait surtout plaisir aux Occidentaux. L’autre raison qui pourrait expliquer la sobriété de la déclaration est liée aux doutes des Européens quant au meilleur moyen – via un tribunal international ou un tribunal hybride sous responsabilité judiciaire ukrainienne – de juger les responsables de la guerre. Tant que ce débat n’est pas tranché, autant se contenter de prendre note.