France

Bordeaux : Exit les interdictions strictes du skate en ville, place à l’autodiscipline

« Bordeaux, c’est vraiment la seule ville où tu peux faire un peu ce que tu veux ». Avant de se lancer dans le bowl du skate park des Chartrons, Romain se réjouit d’avoir posé ses valises dans la capitale girondine le temps de ses études. Il faut dire qu’avec ses « milliers voire sa dizaine de milliers » de pratiquants quotidiens, la belle endormie est une formidable terre d’accueil pour les adeptes de planche à roulettes. Et ce ne sont pas les nouvelles mesures pour encadrer la pratique qui le feront changer d’avis.

Des panneaux de signalisation viennent renseigner les pratiquants dans les lieux sensibles.
Des panneaux de signalisation viennent renseigner les pratiquants dans les lieux sensibles. – Nelio Da Silva

Le 22 mars dernier, élus locaux et associations de skate bordelaises ont publié, main dans la main, un « guide de bonne pratique ». « C’est bien qu’il y ait des skate parks, mais ça ne répond pas à la totalité de la demande de la pratique, lance Léo Valls, skateur professionnel bordelais. La réalité c’est une grande majorité de skates en ville ». Alors, les panneaux « interdiction de skater » ont été remplacés par une « nouvelle signalisation bienveillante », tout comme les amendes physiques, qui ont laissé place au dialogue entre les différents usagers de la place publique.

Un dialogue rétabli

« L’ancien schéma directeur avait pour finalité d’interdire le skate dans plusieurs endroits de la ville », regrette Amine Smihi, adjoint au maire chargé de la Tranquillité, la Sécurité, la Prévention et la Tenue de l’espace public. Et Léo Valls d’enchérir : « c’était totalement contre-productif, on ne peut pas mettre un policier derrière chaque skateur ». Alors, voilà quelques années qu’une médiation avec les anciens élus d’abord a été enclenchée. « Mais la nouvelle mairie a voulu aller plus loin, explique le skateur professionnel. On a donc travaillé sur la réalisation d’un guide qui fait des recommandations d’usages pour tous les endroits qui posaient problème ». « Nous faisons le pari de la prévention », explique l’élu bordelais.

« Une signalisation bienveillante »

Désormais, les nouveaux panneaux préventifs classent les « spots » selon le degré de nuisance possible : les skate parks, les sites aménagés, les sites de pratique courante libre et les sites sensibles où la pratique peut engendrer des nuisances et des risques. « Cette signalisation est autant à destination des skateurs que des riverains », se réjouit Léo Valls. Par exemple, cours du Chapeau-Rouge, la pratique est passée « d’interdite » à « possible entre 10h et 20h». Mais là encore, les pratiquants sont tenus de respecter quelques consignes, indiquées sur les nouveaux panneaux. « Le respect continue d’être la règle », précise l’élu en charge du projet. Aussi, ces panneaux offrent la possibilité de retrouver le guide en ligne, mais également de se voir proposer le spot de repli le plus proche lorsque la pratique est proscrite.

Des premiers retours positifs

Des nouveautés sont se réjouit la communauté des skateurs. « On a des retours super de la part des pratiquants locaux, se félicite Léo Valls. Cela les responsabilise sur le fait qu’ils ne sont pas seuls en ville, mais aussi, car ils ont compris que leur pratique est valorisée et comprise comme une pratique culturelle et socioculturelle et pas seulement comme un sport ».

Côté riverain, Amine Smihi avoue qu’il « s’attendait à recevoir beaucoup plus de messages s’étonnant de la levée des interdictions ». Quelques jours après sa mise en place effective, cette nouvelle réglementation n’a pas entraîné de levée de boucliers. Au point de faire de Bordeaux un exemple à suivre ? « On a des gens qui viennent de partout pour faire du skate à Bordeaux, affirme le skateur professionnel. On a même de super retours d’autres municipalités, d’autres associations qui voudraient s’inspirer de la démarche bordelaise. C’est top ! »