France

Attentat de la rue Copernic : Hassan Diab condamné en son absence à la perpétuité

« Coupable ». Quarante-trois ans après l’attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés en octobre 1980, l’unique accusé, Hassan Diab, a été condamné vendredi en son absence à la réclusion criminelle à perpétuité. De cet insaisissable accusé, dont la chaise est demeurée vide dans le prétoire, la cour n’aura vu que des photos en noir et blanc à divers âges de sa vie. Après trois semaines de débats et près de huit heures de délibéré, la cour d’assises spéciale de Paris a tranché entre les deux seules options possibles dans ce procès si singulier.

« L’accusé est-il coupable ? » « Oui », a répondu la cour, qui a condamné l’universitaire libano-canadien de 69 ans à la peine maximale et décerné un mandat d’arrêt à son encontre. La décision a été accueillie dans un grand silence dans la salle d’audience où s’étaient pressées quelques parties civiles, qui avaient réclamé que « justice passe » après quatre décennies d’attente. Dès la fin du délibéré, des victimes se sont longuement serrées dans les bras.

Une extradition incertaine

L’accusation avait requis cette peine de perpétuité, la seule « envisageable » pour Hassan Diab, qui est selon elle, « sans aucun doute possible », l’auteur de cet attentat antisémite il y a près de 43 ans, et le seul mis en cause dans ce dossier, l’un des plus longs de l’antiterrorisme français. Sans surprise non plus, tant l’audience a été marquée par deux thèses antagonistes, la défense avait plaidé l’acquittement, demandant aux cinq magistrats professionnels « d’éviter une erreur judiciaire ».

Le dossier s’appuie essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l’attentat – qui n’a pas été revendiqué – au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP. Après une longue mise en sommeil de l’instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui qui aurait confectionné la bombe avant de l’abandonner devant la synagogue.

Hassan Diab avait dans un premier temps bénéficié d’un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, il était reparti au Canada. Ce non-lieu avait été infirmé trois ans plus tard par la cour d’appel, qui avait ordonné la tenue de ce procès pour assassinats, tentatives d’assassinats et destructions aggravées en relation avec une entreprise terroriste. L’issue d’une éventuelle nouvelle procédure d’extradition est incertaine, la première, qui avait abouti au bout de six ans, ayant tendu les relations diplomatiques entre la France et le Canada.