France

Assemblée nationale : Malaise cardiaque d’une fonctionnaire au bout d’une journée éprouvante

Un « drame » dans l’hémicycle. Le malaise cardiaque d’une fonctionnaire évacuée est venu clore une nouvelle journée houleuse jeudi à l’Assemblée nationale, avec un gouvernement mis en échec sur l’obligation vaccinale pour les soignants et sur le statut d’EDF. La séance de nuit a été interrompue vers 23 heures, après l’accident cardiaque de cette rédactrice du service du compte rendu. Elle a été réanimée dans l’hémicycle même par deux députés puis son état a été « stabilisé » par les pompiers de l’Assemblée puis le Samu, avant son évacuation vers un hôpital, a indiqué la présidente de l’institution, Yaël Braun-Pivet.

« Dans ces moments-là, l’Assemblée nationale est forte des membres qui la composent », élus et personnels, qui forment « une grande communauté », a-t-elle souligné dans une brève prise de parole peu avant minuit depuis le perchoir. Cet incident grave a fortement secoué l’Assemblée, au bout d’une journée qui avait déjà été éprouvante. Les députés avaient d’abord adopté en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l’obligation vaccinale anti-Covid des soignants, un premier échec pour le gouvernement.

« Le complotisme l’a emporté sur la science », a déploré le ministre de la Santé François Braun, s’opposant à un texte qui va selon lui « affaiblir notre capacité de réponse » face au Covid-19 et qui envoie un « message regrettable ». Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute Autorité de santé (HAS). Elle pourrait débuter dès le 15 mai. Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d’opposition, notamment d’Outre-mer. A l’instar de Jean-Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d’une journée réservée à son groupe à majorité communiste.

Obstruction

Dans la soirée, communistes et socialistes ont transformé l’essai contre le gouvernement, avec un texte de Philippe Brun (PS), adopté en deuxième lecture, qui prévoit notamment que le capital d’EDF soit détenu à 100 % par l’État. Pour s’y opposer, le gouvernement argue qu’il mène déjà une opération de nationalisation. Épaulé par le communiste Sébastien Jumel, le député socialiste veut également graver dans la loi les activités d’EDF, pour empêcher tout projet de « démantèlement », soupçonnant l’exécutif de ne pas avoir renoncé à un projet controversé de restructuration. Ce dernier dément fermement.

La proposition de loi prévoit aussi d’étendre les tarifs réglementés de l’électricité à certaines entreprises et, ont ajouté les députés, à des collectivités. Le texte va poursuivre sa navette avec le Sénat. En ce premier anniversaire de l’alliance de gauche Nupes, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est élevé contre « une journée à 10 milliards d’euros » à l’Assemblée, qui risque d’ « envoyer la France dans le décor ».