France

Strasbourg : « L’explosion du prix du stationnement, c’est comme le 49.3 »

Si l’opposition municipale (LR) à Strasbourg tire à boulets rouges sur la mairie verte, dans la rue, les témoignages d’inquiétudes ou de mécontentements se multiplient. « Je ne veux plus venir à Strasbourg », « mes clients, des ouvriers qui viennent manger un plat du jour de 12 euros ne veulent pas payer 8 euros de stationnement »… « C’est gratuit et je vais devoir payer alors que des places vont être supprimées »… De nombreux Strasbourgeois rencontrés par 20 Minutes ce jeudi s’interrogent ou s’indignent suite à l’augmentation déjà effective, ou prévue selon les quartiers, du stationnement en voirie.

Le patron du restaurant Buewewasser à Neudorf se dit très inquiet de ne plus voir, à l’avenir, une clientèle populaire quittant le centre-ville payant entre midi et deux pour venir dans son quartier où le stationnement est encore gratuit. Devant son établissement, les élus LR de l’opposition municipale, appartenant au groupe « Un nouveau souffle pour Strasbourg » montent au créneau. Si Jean-Philippe Vetter, son président, l’élu d’opposition Jean-Philippe Maurer ou bien encore la sénatrice Elsa Schalck se sont mobilisés, c’est pour « répondre aux attentes et nombreuses sollicitations quotidiennes des habitants, des chambres consulaires, des artisans, des commerçants » sur cette question délicate et récurrente qu’est celle du stationnement, expliquent-ils.

« L’équivalent dépensé, deux chariots de courses alimentaires »

Avec eux, deux chariots remplis de nourritures. Ces derniers représentent « ce que va coûter un an d’abonnement en voirie pour les résidents touchant un peu plus que le Smic : des courses pour un montant de 360 euros. Et nous aurions même pu en ajouter un troisième, précise Jean-Philippe Vetter, si l’on s’était basé sur des revenus annuels supérieurs à 23.000 euros, ce qui représente près de 500 euros par an pour stationner dans la rue en centre-ville », déplore l’élu.

Si le groupe d’opposition reproche la création de nouvelles zones payantes comme à Neudorf, il dénonce aussi l’extension des zones « rouges », (les plus chères) à d’autres quartiers que l’hypercentre, comme dans la Neustadt, effective depuis avril dernier. Damien, la quarantaine, habitant ce quartier classé au patrimoine mondial de l’Unesco, n’en revient pas. « L’explosion du prix du stationnement, c’est comme le 49.3 ! C’est passé sans concertation. C’est soi-disant pour notre bien, mais personne n’en veut ici », assure le Strasbourgeois.

« Il faut que les automobilistes changent leurs habitudes »

Un avis que ne partageait pas du tout Pierre Ozenne, adjoint à la maire en charge des espaces publics partagés et des voiries qui aspire à « une ville à vivre, apaisée et partagée ». Ce dernier, que 20 Minutes a contacté mais qui n’a pas, au moment de cette publication, pu nous répondre, expliquait il y a quelques semaines encore, lors de la présentation de la nouvelle politique tarifaire du stationnement, une tarification plus juste. Qu’il y avait eu beaucoup de rencontres, de demandes des habitants ainsi que de personnes qui ont apprécié la journée sans voiture dans ce quartier. « Il faut que les automobilistes changent leurs habitudes et profitent des parkings relais et « des parkings en ouvrages où les prix à la baisse » vont être mis en place pour les résidents strasbourgeois pour leur éviter « de tourner sans fin pour trouver une place de libre », martelait l’élu.

« Ça devrait servir à augmenter les rotations de voitures en stationnement, et de laisser une chance de trouver une place, explique Sarah, une mère de famille qui vient à la rencontre de sa famille. Mais pour l’instant, c’est toujours aussi plein partout, on paye plus cher, c’est tout », confie-t-elle un brin désabusée. « Une politique de la maire qui se dit sociale, soucieuse de l’écologie et de la concertation locale, pour favoriser à la voiture les transports en commun, renvoie les élus LR. Mais qui dans le même temps, une mairie qui augmente les tarifs de la CTS (Compagnie des transports strasbourgeois). C’est une politique qui se soucie surtout à remplir les caisses de la ville qu’elle a vidé ».

Augmentation des contrôles

Retour dans le quartier de Neudorf, où le stationnement deviendra payant dès octobre prochain, au tarif orange. A l’écoute des élus LR, un passant, Yannick âgé de 67 ans, tente d’intervenir. Il explique que les contrôles ont déjà fortement augmenté dans sa rue, qu’il y en a « qui sont harcelées depuis un mois », comme celle de Dannemarie où il habite.

« Une dame qui est handicapée, et qui a le macaron sur son pare-brise, a déjà pris six PV de 135 euros », assure-t-il à 20 Minutes, avant de poursuivre : « Il y a des rues qui sont taxées et d’autres non, alors que c’est la même configuration. On ne sait pas pourquoi. On est stationné le long des habitations, dans la rue, et il y a un trottoir en face. Mais apparemment, c’est considéré comme un stationnement sur un trottoir et c’est 135 euros d’amende, ce n’est plus possible ».

Une demande à la maire pour le retrait du projet

Rendu sur place en sa compagnie, force est de constater que toutes les voitures ont un joli petit papier glissé sous l’essuie-glace. « Ça fait 62 ans que j’habite ici, et on ne nous disait jamais rien et ça se passait très bien. Mais depuis un mois, c’est tout le temps. » Un témoignage appuyé par Bruno, 36 ans, qui a également écopé d’une amende. Avec le passage prévu au stationnement payant, « le loyer des garages du quartier a augmenté et c’est rare d’en trouver un » , s’inquiète ce travailleur « itinérant ». Pour lui, « le message est clair : on ne veut plus du tout de nos voitures ou alors de nous en ville », regrette-t-il.

A la Neustadt qui est passée en zone rouge, le stationnement est « passé à 8 euros pour deux heures, soit une augmentation de 90 %. Les zones « orange » ont augmenté de 47 % et de 100 % pour les zones vertes où tous les tarifs ont doublé », calcule le groupe LR. Une augmentation qui impacte les plus modestes qui ne fera que reporter le problème du stationnement ventouse vers les zones gratuites à proximité » alors que le pouvoir d’achat Aussi, le groupe compte interpeller officiellement la maire écologiste Jeanne Barseghian lors du prochain conseil municipal mardi prochain. Objectif, lui demander de revenir sur le projet de création de nouvelles zones payantes mais aussi l’augmentation du tarif résident. Ils s’apprêtent également à distribuer 5.000 tracts munis d’un QR code pour faire le lien sur la pétition. Une pétition qui devrait s’ajouter à toutes celles que l’on trouve par-ci, par là dans les commerces et Internet.