Belgique

Taux des comptes d’épargne : comment le monde politique va faire plier les banques

Des contacts pris avec les partis de la Vivaldi, il ressort que la proposition socialiste de revoir la loi sur la loi sur le taux minimum (actuellement de 0,11 %) serait fort soutenue. “L’idée de base est de prévoir un taux variable, qui fixe un écart minimum de 2 % avec le taux de la BCE. Si ce dernier est de 4 %, le taux minimum doit être de 2 %”, explique Hugues Bayet, député du PS, qui va donc rallier la proposition de Vooruit. Les socialistes et les verts seraient rejoints par l’opposition sur ce terrain.

”Beaucoup de com’, sans grand résultat”

La question n’est pas de savoir si la N-VA soutiendrait pareil texte, explique Sander Loones, député chez les nationalistes flamands. Nous le ferons le cas échéant. La question est plutôt de savoir si les socialistes et les écologistes vont oser présenter le texte au Parlement.” Réponse : oui. Les socialistes (Vooruit et PS) et les verts ont déposé leurs textes, dans les deux langues, et l’ont soumis pour avis à la Banque nationale de Belgique (BNB). “Nous espérons une prise en considération cette semaine déjà ou la semaine prochaine”, évalue Gilles Vanden Burre. Le plus frileux de la bande, c’est finalement le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V), taxé par les socialistes “de protecteur des grandes banques”. C’est le seul parce que même du côté des libéraux, on estime aussi que “trop is te veel”. Alexia Bertrand, secrétaire d’État (Open VLD), s’est rapidement positionnée contre l’immobilisme des banques.

Quant au MR, le Vice-Premier David Clarinval nous explique qu’en kern en fin de semaine dernière il a dit que « les banques devaient augmenter les taux, vu que les taux de la BCE augmentent depuis des mois. Ils augmentent bien les taux de crédits aux citoyens et aux entreprises assez fortement. Cela doit aller dans les deux sens me semble-t-il. On a donc demandé à la BNB de nous faire une proposition de solution”. “On en marre d’entendre dire que le secteur bancaire serait déstabilisé par une hausse des taux, poursuit Hugues Bayet (PS), surtout quand on voit les milliards d’euros de bénéfices engrangés. On prendra donc nos responsabilités au Parlement”. “J’attends de voir le débat, rétorque Sander Loones (N-VA). Je peux donner quelques exemples récents, comme la proposition du MR de supprimer la fermeture des centrales nucléaires, où des partis communiquent beaucoup, mais n’osent pas aller au vote. La Vivaldi, c’est beaucoup de communication, mais sans grand résultat”.

Ouverture faite par BNP

Alors, de la communication et c’est tout ? “Le PTB a proposé ses services au Parlement, mais on n’est pas là”, assure une source gouvernementale. “Il faut arrêter de croire qu’une majorité alternative se dessinerait sur le sujet, lance une autre source gouvernementale. Il y a une pression réelle du gouvernement ; seul le ministre des Finances freine. Je crois surtout que les marchés vont finir par bouger… Un changement de législation serait alors superflu”. “J’espère de tout cœur qu’une des grandes banques va bouger dans les jours ou semaines qui viennent”, ajoute une autre.

Michael Anseeuw, le patron de BNP Paribas Fortis, annonçait ce mardi dans les colonnes de nos confrères du Tijd que “la rémunération de l’épargne est inévitablement appelée à augmenter”. Plusieurs sources politiques nous disent que Belfius, détenue à 100 % par l’État, serait sur le point de relever ses taux, ce que la banque elle-même se refuse à confirmer. “Nous analysons actuellement la situation et n’excluons pas une hausse des taux dans le futur. La politique commerciale d’une banque dépend d’un équilibre entre le tarif sur les crédits et les dépôts…”, explique la porte-parole de la banque.

Il serait temps. Une banque comme Belfius détenue par l’État devrait montrer l’exemple d’un point de vue sociétal. Ces derniers temps, et c’était déjà le cas lors de la crise de l’énergie, Belfius ne prend pas ses responsabilités. C’est bien pour cela que l’on doit passer par la case législative, et le plus tôt sera le mieux”, conclut Gilles Vanden Burre (Ecolo). La guerre d’usure continue… En attendant, on reste loin de taux usuraires sur les comptes.