Belgique

Pourquoi la Vivaldi devrait survivre à l’affaire des visas iraniens

Pourtant, le bateau coule… Après la démission d’Eva De Bleeker (Open VLD), l’ancienne secrétaire d’État au Budget, et de Sarah Schlitz (Écolo), l’ex-secrétaire d’État à l’Égalité des Chances, c’est désormais la tête de Hadja Lahbib (MR) qui est placée sur le billot. Les incohérences de sa défense au sujet de l’octroi des visas à la délégation iranienne invitée à Bruxelles ont semé le trouble dans la Vivaldi. Le PS et Écolo en particulier ne peuvent pas, pour l’instant, accorder leur confiance à la ministre des Affaires étrangères. Légitimement, ils exigent de nouvelles explications. Parallèlement, le président libéral, Georges-Louis Bouchez insiste : l’ancienne journaliste de la RTBF n’a commis aucune faute. Pour lui, il est hors de question qu’elle démissionne.

Foreign minister Hadja Lahbib arrives for a session of the chamber commission of external relations, at the federal parliament, in Brussels, Wednesday 21 June 2023. During the session, the granting of visas to Iranian delegation for the Brussels Urban Summit 2023 will be discussed. BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères (BELGA PHOTO ERIC LALMAND)

Le risque d’une cristallisation

Lorsque les positions se cristallisent de la sorte, ce n’est jamais bon signe… Chaque camp s’enferme médiatiquement dans des affirmations dont il ne peut plus sortir sans se dédire. Pour la énième fois depuis le 1er octobre 2020, un parfum de chute du gouvernement envahit les couloirs des cabinets ministériels et les travées parlementaires. Mais plusieurs facteurs pousseront sans doute les sept partenaires de la coalition fédérales à tenir bon jusqu’aux scrutins du 9 juin 2024.

Tout d’abord, des élections anticipées n’arrangeraient personne au sein de la majorité. Les sondages, qui sont beaucoup plus scrutés que ce que les élus ne l’avouent, sont mauvais. Un passage par les urnes à la rentrée pourrait se traduire par un triomphe du Vlaams Belang et du PTB. Les autres partis ne voulant s’associer à l’un de ces deux formations populistes, former un nouveau gouvernement se révélera plus complexe que jamais.

Une seule formation vivaldienne aurait pu tirer son épingle du jeu : Vooruit, qui a le vent en pompe dans les sondages. Toutefois, le cycle de croissance dans les intentions de vote que connaissent les socialistes flamands est maintenant menacé par les accusations qui visent leur jeune patron, Conner Rousseau. Ce dernier, qui a récemment révélé sa bisexualité, fait l’objet de plaintes pour faits de mœurs. Si la justice devait déceler de sombres comportements dans sa vie privée, c’est l’ensemble de son parti qui pourrait le payer cher. La bonne santé de Vooruit est bâtie sur du sable car indexée en grande partie sur la notoriété de Conner Rousseau, petit génie de la com’ sur les réseaux sociaux.

L’analyse de la vidéo étonnante dans laquelle Conner Rousseau fait son coming out.

La Vivaldi à l’épreuve des crises ?

La fin prématurée du gouvernement De Croo a souvent été annoncée mais la formule heptapartite (MR, Open VLD, Vooruit, PS, Écolo, Groen et CD&V) a toujours traversé les épreuves. La coalition a survécu, notamment, à la crise de l’accueil des migrants, au Covid, au réarmement en lien avec la guerre en Ukraine, à la prolongation du nucléaire… Alors que la diplomatie belge avait réussi à obtenir la libération d’Olivier Vandecasteele, pourquoi saborder l’équipe De Croo en raison du “scandale iranien” ? Des projets importants figurent encore à l’agenda de l’exécutif fédéral. À commencer par la réforme fiscale, la réforme des pensions et l’obtention des budgets européens pour le plan de relance.

Si les partenaires de la Vivaldi le veulent, des solutions existent qui ne passeraient pas par une démission de Hadja Lahbib. Cette dernière, par exemple, pourrait présenter des excuses pour la gestion folklorique de ce dossier et pour certaines explications oiseuses. La ministre MR pourrait également s’engager à instaurer, ou à restaurer, une procédure stricte et précise pour l’octroi de visas à des officiels de régimes aussi douteux que celui de la république islamique d’Iran.

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