Belgique

« Pipigate »: Vincent Van Quickenborne devrait survivre à la polémique, « personne ne voudrait partager ce genre d’images d’une soirée arrosée… »

Les libéraux flamands n’avaient certainement pas besoin cela… Leur parti, l’Open VLD, va mal dans les sondages et a perdu récemment son président, Egbert Lachaert, qui a remis sa démission. Pour ne rien arranger, le vice-Premier ministre Vincent Van Quickenborne est pris depuis plusieurs jours dans une polémique concernant le comportement de ses invités lors de sa fête d’anniversaire, le 15 août. Trois d’entre eux ont uriné sur un combi de police garé devant le domicile de “Van Quick” durant la soirée manifestement bien arrosée.

Le ministre était-il au courant ? Aurait-il assisté à la scène, voire aurait-il lui-même participé à ces outrages ? Aurait-il menti afin de dissimuler sa connaissance des faits ou son implication ? On a tout lu dans la presse du nord du pays au sujet de ces spéculations… Cet épisode surréaliste a également fait les gorges chaudes de plusieurs médias à l’étranger.

”Nous étions un peu pompettes”

Vu l’ampleur prise par ce que l’on appelle le “pipigate”, celui qui est aussi ministre de la Justice était donc invité à s’expliquer en commission au parlement, ce jeudi après-midi. Vincent Van Quickenborne a pris la parole à 14 h 15 en présentant tout d’abord de longues excuses destinées aux forces de police. Plus particulièrement, il a fait part de son embarras à l’égard des agents qui assurent jour et nuit sa sécurité et celle de sa famille (le ministre est menacé par les milieux du grand banditisme). Il est également revenu sur le contexte de cette fête. “Nous étions un peu pompettes […] Il s’agissait d’une fin de soirée arrosée. Personne ne voudrait partager ce genre d’images d’une soirée arrosée avec tout le pays.

Pour écarter l’idée qu’il aurait participé ou pu se réjouir du comportement déplacé de ses amis, il a ensuite diffusé devant les députés les vidéos des caméras de surveillance placées à son domicile. Sur ces images prises vers quatre heures du matin devant sa maison, aux côtés d’un convive, il semble imiter le geste d’un homme en train d’uriner, comme s’il était au courant de ce que ses invités avaient fait plus tôt dans la soirée et s’en amusait. Selon “Van Quick”, pas du tout : il aurait fait semblant de jouer à la guitare…

Face à cette incertitude, ses adversaires n’ont eu que peu de prise pour attaquer le vice-Premier ministre. Du côté de la N-VA, principale force d’opposition à la Chambre, les députés ont surtout dénoncé le comportement général du vice-Premier ministre Open VLD sans apporter de grandes révélations dans ce dossier.

Justice Minister Vincent Van Quickenborne pictured during an early session of the chamber commission for Justice, Thursday 7 September 2023 at the federal parliament in Brussels. The session is organized to discuss incidents of guests urinating against a police van during a birthday party for Justice minister Van Quickenborne. BELGA PHOTO DIRK WAEM
Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, lors de la commission sur le « pipigate ».

Une critique “sociale” du PS

Dans les rangs de la majorité Vivaldi, on ne s’est pas pressé pour voler au secours du ministre. Les verts flamands (Groen) ont même souligné que Vincent Van Quickenborne avait perdu la confiance de la police dans plusieurs dossiers et qu’il lui faudrait la regagner.

Au PS, autre formation vivaldienne, le chef de groupe Ahmed Laaouej a déploré la dégradation de l’image de l’État belge, notamment à l’étranger. Le socialiste a également épicé ses propos d’une petite touche sociale. “Si on surprend, dans les quartiers populaires, un jeune en train d’uriner sur un combi de police, il va passer un très mauvais quart d’heure… Attention au sentiment d’impunité. Personne ne comprendrait que ces trois personnages ne rendent pas des comptes devant les tribunaux le moment venu parce qu’ils connaissent le ministre de la Justice”, a-t-il averti.

« Pipigate »: « Ce qui cause une démission d’un ministre, ce n’est pas la gravité des faits mais la décision du parti »

Le MR, parti frère de l’Open VLD, a davantage défendu Vincent Van Quickenborne, mais sans fougue. Le député et ancien ministre fédéral Philippe Goffin a souligné que le MR partageait totalement la colère et la consternation de la police et des citoyens face au comportement des trois invités fautifs. “Mais il appartient désormais à la justice de faire son travail”, a ajouté le libéral francophone, avant d’inviter à une reprise du fonctionnement “normal” de la commission Justice.

Des contradictions, selon le PTB

Enfin, le PTB a déploré le “changement de version” opéré par le ministre. “Vos versions changent également de ton. Au début, vous étiez choqué et ensuite, vous avez contre-attaqué en parlant d’un complot de syndicats. […] Vos petites excuses aujourd’hui arrivent beaucoup trop tard”, a vilipendé la députée Sofie Merckx.

Le dossier fait désormais l’objet d’une enquête judiciaire. À moins d’un rebondissement démontrant une quelconque implication du vice-Premier dans les mictions nocturnes constatées à son anniversaire, le “pipigate” devrait en rester là…

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