Belgique

L’étoile de Charles Michel a pâli au MR mais “avec son caractère de chameau, il supportera bien cette traversée du désert”

Qui succédera à Charles Michel comme tête de liste à l’Europe ? Le casting du MR contient une surprise issue du monde académique

Et en Belgique ? Et au MR ? Celui que l’on voyait, il y a quelques semaines encore, reprendre la présidence du parti à un Georges-Louis Bouchez en difficulté n’a jamais semblé aussi éloigné d’un hypothétique come-back. Plusieurs sources libérales ont constaté que la présence de l’ancien Premier ministre et ancien président du MR n’avait pas vraiment suscité l’enthousiasme des militants réformateurs lors la tournée des vœux du parti organisée en janvier. “Il n’est pas allé partout d’ailleurs, note un député. À Liège, par exemple, il n’était pas là.” Une autre source confirme : “Je ne dirais pas qu’il a été accueilli froidement, mais il y avait peu d’enthousiasme.

”C’est tout bon pour Bouchez”

Certains observateurs libéraux en déduisent que cette séquence européenne clôture l’ère où le “clan Michel” dominait la vie du parti. “C’est tout bon pour Bouchez, il va pouvoir étendre son emprise”, analyse une source MR. Ce serait toutefois mal connaître Charles Michel de le considérer comme définitivement perdu pour la politique belge. Sa carrière est faite de rebondissements et de moments disruptifs où il a déjoué les pronostics. Notamment lorsqu’il décide, en 2014, de lancer le MR comme seule formation francophone dans une majorité “suédoise” aux côtés de la N-VA.

Comment Charles Michel a fini par imposer sa loi à son ancien meilleur ennemi, Didier Reynders

Au niveau belge, Charles est-il affaibli ? À court terme, oui, sans doute. Mais, à moyen terme, c’est impossible de le dire. Un bon livre, quelques interviews ‘à cœur ouvert’, un petit changement de look, et on en reparle, nuance un ancien ministre libéral. Avec son caractère de chameau, il supportera bien cette traversée du désert incombant à toutes les grandes carrières politiques.

Un indice de cette résilience michelienne : par le passé, il avait déjà connu quelques années de flottement dans sa carrière. Cette sombre période avait suivi les élections de 2004 après lesquelles les libéraux avaient été renvoyés dans l’opposition dans les entités fédérées. Le PS avait expliqué ce rejet du MR par l’attitude peu conciliante de Charles Michel lorsqu’il était ministre wallon des Affaires intérieures, en charge notamment des pouvoirs locaux. Il rongera son frein pendant trois longues années avant de retrouver un (petit) portefeuille ministériel au fédéral, celui de la Coopération au développement. C’est depuis ce maroquin qu’il se rebâtira un destin et dégagera Didier Reynders de la présidence du MR.

Déjà des spéculations…

En politique, la roue finit toujours par tourner. Condamner dès maintenant Charles Michel serait une erreur d’analyse. Certaines sources libérales croient savoir qu’il a discrètement obtenu des garanties pour la suite de sa carrière internationale, ce qui aurait expliqué son abandon de la tête de liste à l’Europe. D’autres spéculent sur les conséquences qu’aurait une relégation du MR dans l’opposition après les élections générales de juin. Dans ce genre de scénario, la tradition est de faire sauter un fusible, celui de la présidence du parti. Si Georges-Louis Bouchez était défenestré, Charles Michel pourrait revenir en sauveur du MR…

Charles Michel ou l’art délicat de la transgression

Charles Michel aurait été accueilli sans enthousiasme par les militants du MR lors de la tournée des voeux du parti dans les fédérations libérales.
Charles Michel aurait été accueilli sans enthousiasme par les militants du MR lors de la tournée des voeux du parti dans les fédérations libérales. ©Vincent Duterne