Belgique

Le premier F-35 belge sort d’usine au Texas, en présence du Premier ministre Alexander De Croo

« C’est un moment-clé », a souligné M. De Croo devant un parterre de militaires, d’industriels – dont certains doivent signer dans la journée des accords économiques avec Lockheed – et de responsables américains.

« C’est le meilleur matériel que l’on puisse avoir pour nos pilotes » et afin de « défendre notre population, nos intérêts, notre mode de vie et notre prospérité », a-t-il ajouté.

« L’introduction du F-35 au sein de la force aérienne belge nous permettra de continuer à remplir toutes nos missions dans les décennies à venir, en coopération avec nos alliés et partenaires au sein de l’Otan, de l’UE et au-delà », a pour sa part déclaré le chef de la Défense (Chod), l’amiral Michel Hofman.

Le « patron » de la Force aérienne, le général-major Thierry Dupont, a quant à lui insisté sur le caractère « historique » de cette sortie d’usine. « Ce n’est pas tous les jours que l’on change d’avion de chasse », a-t-il souligné, alors que les F-16 en service depuis 1979 arrivent en fin de vie.

Le « rollout » du premier F-35A (la version à décollages et atterrissages conventionnels de la famille de chasseurs multirôles de Lockheed) belge intervient plus de cinq ans après la commande de 34 avions par le gouvernement précédent, en octobre 2018. Ils doivent remplacer d’ici 2030 la flotte d’une cinquantaine de F-16 vieillissants encore en service, un contrat de près de quatre milliards d’euros, selon la Défense.

La sortie d’usine de cet appareil immatriculé FL001 et portant le numéro constructeur AY-01- sept autres destinés à la Belgique se trouvent à des degrés divers de finition dans l’immense usine de Fort Worth – n’est toutefois pas encore synonyme d’une entrée en service immédiate.

Il a été produit dans une nouvelle configuration aux capacités sensiblement accrues, baptisée TR-3 (pour « Technology Refresh ») et Block 4 qui comprend des améliorations matérielles – comme une soute à armement plus vaste, capable d’emporter six missiles ou six bombes au lieu de quatre pour le Block 3 et de nouveaux écrans – et logicielles, avec une puissance de calcul démultipliée . Mais la certification de ce nouveau standard a pris du retard. Initialement attendue en avril dernier, cette certification pourrait n’intervenir qu’au deuxième trimestre 2024, selon le site spécialisé américain Defense News.

« Ce retard affecte tous les clients qui ont des avions en production, pas seulement la Force aérienne belge », a souligné un responsable de Lockheed Martin, ce qui contraint l’avionneur à stocker des dizaines d’appareils à leur sortie d’usine dans l’attente de leur livraison.

Les huit premiers F-35 belges resteront toutefois stationnés durant plusieurs années aux Etats-Unis, le temps de former, avec quelques instructeurs déjà sur place, 48 pilotes et 120 techniciens.

L’essentiel de cette conversion se déroulera sur la base aérienne Luke, dans l’Arizona (sud-ouest des Etats-Unis), au sein d’une escadrille belgo-américaine, le 312 Fighter Squadron (312 FS). Cette unité a été (re)créée au mois d’août et monte graduellement en puissance dans l’attente de l’arrivée des premiers F-35 belges.

Ce n’est qu’à la mi-2025 que les premiers avions sont attendus sur la base de Florennes pour y côtoyer les F-16 en fin de vie du 2e wing tactique. Le 10e wing tactique de Kleine-Brogel (Limbourg) devrait percevoir ses premiers F-35 deux ans plus tard.

Les livraisons des 34 appareils devraient se terminer en 2030, deux ans après la fin du retrait des F-16, dont certains pourraient prendre le chemin de l’Ukraine, moyennant une décision du gouvernement fédéral qui sera en fonction en 2025, comme l’a rappelé M. De Croo.

Le gouvernement actuel n’envisage pas l’achat de F-35 supplémentaires en dépit d’une demande de l’Otan de porter la flotte belge à 45 appareils. Mais M. De Croo n’a pas exclu devant la presse un achat supplémentaire dans le futur, alors qu’il s’est engagé à ce que les dépenses de défense belges atteignent en 2030 – et non en 2024 comme le demande l’Otan – le seuil des 2% de son PIB (Produit intérieur brut). « Nous devrons faire l’analyse », a-t-il souligné en situant le débat dans un cadre plus large de partage du fardeau entre alliés.