Belgique

Le policier qui a percuté Adil à Anderlecht accusé de racisme par ses collègues: “Des faits graves pouvant faire l’objet de poursuites judiciaires”

Selon le témoignage d’une inspectrice de police membre de la Zone de Police Midi, dans laquelle travaillent les trois policiers inculpés d’homicide involontaire dans l’affaire Adil, l’un des accusés est accusé de racisme par plusieurs de ses collègues.

Pour rappel, le jeune Adil est décédé le 10 avril 2020, en plein confinement, après avoir été percuté par une voiture de police. L’Anderlechtois de 19 ans avait fui en scooter un contrôle, place Docteur De Meersman. Une patrouille alors arrivée en renfort l’avait percuté de plein de fouet, le tuant sur le coup. Le lendemain, des émeutes avaient éclaté pour protester contre l’accident.

« Étais-je en colère contre la police ? Non, juste contre les policiers qui ont tué Adil”

Le 4 mai dernier donc, l’inspectrice de police est entendue par la juge d’instruction dans le cadre d’un autre dossier, mais la policière lui rapporte des propos tenus par ses collègues au sujet du policier qui a percuté Adil.

”L’inspecteur principal a tenu des propos racistes par rapport au jeune Adil. Il m’est également revenu de ses hommes que ce dernier se vantait d’en avoir sorti un de la rue par rapport à la mort du jeune Adil. Il se serait également vanté d’avoir déjà tué”, a-t-elle déclaré. Ces propos lui viennent des “trois quarts des hommes” de la zone de police Midi, pas seulement des agents de l’équipe de l’accusé, mais aussi d’une “grande partie des policiers du commissariat”.

Racisme, sexisme et harcèlement

Venant corroborer ces accusations, la policière a fourni un rapport administratif accablant pour le policier en question, que plusieurs de ses collègues ont adressé au directeur opérationnel de la Zone Police Midi, ainsi qu’au chef de corps Jurgen De Landsheer. “L’inspecteur principal se montre dégradant et démotivant à l’encontre de nouveaux collègues débutant leur carrière. Ces derniers se sentent écrasés, évincés et sans aucune utilité depuis leur arrivée au sein de notre équipe, et ce, à cause de la pression qu’effectue le policier : menaces de note de fonctionnement non justifiées, menace de déplacement dans une autre équipe et/ou service”, selon les mots rapportés par la RTBF.

Ce dernier est également accusé par ses collègues de racisme et de sexisme à l’encontre des membres de son équipe et de la population. Des faits “graves pouvant faire l’objet de poursuites judiciaires”.

”Plusieurs remarques ou insultes racistes ont été proférées à l’encontre d’inspecteurs de police d’origine étrangère. Nous citons, et veuillez nous en excuser, des termes comme bougnoul, bouns, vous enculez des chèvres dans vos pays d’origine, je ne comprends pas que vous ne mangiez pas de porc”, citent encore nos confrères. Le rapport dénonce aussi le silence de la hiérarchie, au courant de la situation.

Un point que réfute Jurgen De Landsheer, le chef de zone, contacté par la RTBF. Selon lui, l’intéressé aurait été convoqué et placé dans un autre service en février 2023 et n’a plus posé de problèmes depuis. Le comité P a tout de même été saisi suite à ces révélations.