Belgique

Le Parlement wallon fait encore parler de lui: le marché public du mobilier à 2,35 millions d’euros est-il réglo?

On pouvait en partie justifier le coût avec plusieurs arguments. Pour les sièges, par exemple, il s’agit du même modèle que ceux qui ont été achetés à la fin des années 90, lors de l’installation du Parlement wallon dans ses murs. Toujours utilisés aujourd’hui, ces sièges ont vu défiler des dizaines et des dizaines d’élus. On peut justifier leur achat par la qualité du produit. On peut aussi considérer qu’il n’est pas scandaleux que le bâtiment qui accueille une institution parlementaire, émanation du peuple, soit meublé de manière qualitative. D’autant que de nombreux représentants d’assemblées étrangères y sont reçus chaque année.

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Spécificités techniques

Néanmoins de nouvelles révélations publiées par Le Soir jettent la suspicion sur la procédure de marché public visant à l’achat du nouveau mobilier. À l’époque, deux sociétés avaient remis une offre pour tenter de décrocher le marché. Deux autres sociétés n’ont pas remis d’offre et une troisième aurait renoncé parce que l’un de ses concurrentes, la société Berhin, a contribué à la rédaction des spécificités techniques des meubles figurant dans le cahier des charges du marché public.

Par le passé, cette société namuroise avait déjà fourni le Parlement en mobilier. Selon nos confrères, les descriptions réalisées par Berhin et figurant dans le cahier des charges étaient tellement précises qu’elle était la seule à pouvoir y répondre. C’est d’ailleurs ainsi que les choses se sont passées puisque Berhin a remporté le marché. Non pas grâce à l’offre de prix remise par Berhin et qui était plus élevé que son concurrent, mais grâce à la qualité des meubles proposés. Le candidat qui n’a pas emporté le marché n’a pas déposé de réclamation.

Ce marché public a été validé par le Bureau du Parlement wallon de l’époque qui était encore présidé par Jean-Claude Marcourt (PS), ce qui met à mal la thèse selon laquelle c’est le greffier qui décidait de tout, tout seul. Frédéric Janssens d’ailleurs a réagi jeudi pour préciser que contrairement à ce qu’affirme Le Soir, il n’a pas pris part à la réunion du 2 mars 2020 visant à organiser le marché public et n’avoir dès lors pas signé le procès-verbal de la réunion, pas plus qu’il n’en a eu connaissance.

On imagine que les enquêteurs qui travaillent actuellement sur les différents marchés publics relatifs au coût de l’extension du Parlement se saisiront de l’affaire.