Belgique

La Wallonie inaugure son premier tronçon d’autoroute à vélos vers Bruxelles

La cyclostrade, c’est la Rolls-Royce de la piste cyclable. Selon la définition donnée par le Service public de Wallonie (SPW) Mobilité, il s’agit des voies exclusivement destinées aux vélos ou aux trottinettes, séparée du trafic automobile. Ces voies sont aménagées avec une largeur cyclable recommandée de deux mètres par sens de circulation afin de rouler à deux de front, de permettre le dépassement et circuler avec des engins larges (comme les vélos-cargos). La circulation doit y être rapide en évitant au maximum les interruptions du parcours des cyclistes, à l’instar des autoroutes pour voitures. Mais surtout, ces cyclostrades sont installées le long d’itinéraires à haut potentiel cyclable. Objectif fixé par le SPW : 2000 cyclistes par jour.

Le deux-roues bientôt un mode de transport utilitaire ? Une première « autoroute à vélo » devrait relier la Wallonie à Bruxelles en 2023

Cinq axes vers Bruxelles

Le premier tronçon inauguré vendredi intègre un axe plus grand qui devra relier à terme Bruxelles à Ottignies. Les études concernant la suite du parcours seront lancées dans le courant de l’année. C’est en fait cinq corridors vélos qui relieront Bruxelles aux grands pôles du Brabant wallon (voir infographie). L’ambition est ici claire : faire du vélo une alternative à la voiture pour les navetteurs.

À l’ouest, la piste flamande F20 (qui va jusque Hal) sera prolongée de quelques kilomètres pour atteindre Tubize. Une autre cyclostrade est prévue dans la continuité de la F207 jusque Braine l’Alleud. Des études sont en cours pour l’axe vers Genappe, en passant par Waterloo. Enfin, une cinquième route est prévue vers Louvain-la-Neuve.

Les "autoroutes cyclables" en Wallonie
Les « autoroutes cyclables » en Wallonie ©IPM Graphics

Voilà pour les axes qui relient Bruxelles à sa périphérie sud. Mais d’autres projets existent également entre les pôles wallons. Le Brabant wallon a par exemple reçu une subvention afin de se pencher sur la construction d’une cyclostrade le long de la vallée de la Dyle. Des études sont actuellement lancées pour établir le tracé d’une cyclostrade entre Namur et Louvain-la-Neuve. Une quinzaine de projets sont également à l’étude en région liégeoise. D’autres encore sont attendus du côté de Charleroi.

Tous devraient, à terme, être estampillés du logo C dans un triangle bleu, symbole des cyclostrades.

Les communes peu enclines ?

Si l’ambition politique est là, les défis demeurent nombreux. Ce type d’infrastructure demande parfois de solides aménagements de territoire ou la construction d’ouvrages de génie civil comme des ponts ou des passerelles. Dans les cas les plus complexes, il faut parfois passer par des expropriations. Et de manière plus générale, il s’agit de repenser les voiries en prenant une partie de l’espace aujourd’hui alloué à la voiture. Autant de décisions qui sont généralement mal reçues. “Lors de notre dernier baromètre cyclable réalisé en Wallonie, seules deux communes ont été considérées comme vraiment favorables au vélo”, illustre Luc Goffinet, Monsieur Wallonie au sein du Gracq, une des associations de défense des cyclistes.

L’organisation réalisera d’ailleurs un nouveau baromètre à la fin de l’année afin de voir si les mentalités ont évolué. “Si on veut créer un réseau de voies où les cyclistes se sentent à l’aise entre les grands pôles, il faut la participation de l’échelon local. Les cyclostrades à elles seules ne vont pas sauver la Wallonie”, sourit M. Goffinet. “Dans les villages, cela n’a par exemple pas vraiment de sens. D’autres aménagements sont plus efficaces, à l’instar des rues cyclables limitées à 30 km/h où les cyclistes ont la priorité. La Flandre et Bruxelles le font. Mais on sent bien que dès qu’il est question de prendre de la place à la voiture, cela éveille des hostilités”, pointe-t-il encore.