Belgique

La Belgique reçoit un 5,5/10 pour sa gestion Covid, les experts réagissent: « Il faut progresser car le prochain virus pourrait être pire que le Covid »

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Chez nous, des chercheurs de la KU Leuven et de l’UCLouvain ont calculé la satisfaction des Belges à l’égard des politiques COVID dans notre pays. Ainsi, 1341 Belges sélectionnés au hasard ont donné leur avis sur la politique COVID de nos pouvoirs publics.

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Aucun pays ne peut se glorifier d’avoir su préserver ses maisons de repos »

Résultat, avec une note moyenne de 5,5 sur 10, la Belgique se classe 8e sur 28 pays. Le système national de santé est l’institution qui a recueilli le plus haut taux de satisfaction des répondants (soit 6,9) alors que les soins aux personnes âgées dans les centres de soins résidentiels ont été évalués avec le plus mauvais score (soit 4,7).

“Nous sommes trop dépendants de l’extérieur”

Pour l’infectiologue Yves Van Laethem, c’est un score cohérent. “Aucun pays ne peut se glorifier d’avoir préservé ses maisons de repos, explique-t-il. Cela illustre à quel point les pays occidentaux n’appréhendent pas assez ce genre de risque sanitaire, on s’est rendu compte que personne n’était suffisamment prêt. Et chez nous, les points noirs concernent surtout le manque de masques, les failles du testing et du tracing, etc. On a été trop dépendant de l’extérieur et je pense que c’est encore le cas actuellement, on ne produit par exemple plus de masques et c’est dommageable. Globalement, cela reste tout de même une note peu élevée même si les premiers de la classe n’ont pas obtenu beaucoup plus”.

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En effet, même par rapport à d’autres pays européens et à nos voisins, les Pays-Bas obtiennent 5,6 et l’Allemagne 5,1, le résultat semble donc convenable. Dans le détail, ce sont l’Islande et la Norvège qui obtiennent le score le plus élevé avec 6,7. La Bulgarie et la Pologne sont en queue de peloton avec une note moyenne inférieure à 4.

Le manque de préparation et d’anticipation sont les points les plus critiquables »

Pour le virologue Steven Van Gucht, de nombreuses leçons sont à tirer de cette crise. Avec des enseignements qui ne feront sûrement pas plaisir à entendre au niveau politique. “Le manque de préparation et d’anticipation sont les points les plus critiquables, souligne-t-il. Nous n’avions pas de plan d’urgence pour les pandémies et on ne peut pas dire que ce soit totalement le cas aujourd’hui. Tout ne peut pas se faire dans l’urgence même si cela a été le cas pour la majorité des pays européens. On a fait ce qu’on a pu avec toute la bonne volonté du monde mais l’intensité de cette crise a démontré à quel point on doit être mieux préparé pour l’avenir, surtout au niveau des structures de suivi et de surveillance des virus. Nous avons aujourd’hui un plan pandémique d’urgence en cours de préparation et il est primordial qu’il soit prêt au plus vite. On ne sera jamais entièrement prêt mais on doit apprendre de nos erreurs”.

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Ces différents facteurs qui augmentent le risque de pandémie

Et au vu de notre mode de vie, il faut s’attendre à voir les pandémies se succéder dans les années à venir. D’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, lors de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, les dirigeants mondiaux ont adopté une déclaration politique historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies (PPRP) lors d’une réunion de haut niveau.

Car si la pandémie de Covid-19 a ouvert les yeux du monde sur l’apparition de futures épidémies, le phénomène ne date pas d’hier. “Quand on regarde les 100 dernières années, je dis toujours à mes élèves qu’on doit s’attendre à une pandémie d’envergure chaque 20 ou 30 années, indique Van Gucht. Déjà en 2009, la grippe mexicaine avait circulé dans le monde entier mais avec des conséquences moins sévères. Aujourd’hui, il y a une croissance de la population, les gens mangent plus de viandes, on garde plus d’animaux dans les familles, certains pays se rapprochent d’animaux exotiques, les interactions entre l’homme et l’animal sont donc plus nombreuses. C’est un facteur qui augmente le risque, comme celui de la déforestation. Il est donc possible que le prochain virus soit pire que le covid, c’est pour cette raison qu’il est primordial de progresser au niveau préventif et du suivi de l’évolution des virus”.

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Entre le plan ventilation du gouvernement à venir, la surveillance des eaux usées et les bons réflexes à adopter en cas de circulation intense du virus, on pense notamment au port du masque et au testing, on peut dire aussi que notre société est plus apte à affronter une pandémie. Notre niveau de connaissance et notre faculté d’adaptabilité sont en tout cas plus forts aujourd’hui qu’avant la crise du coronavirus.

“Et c’est un avantage important, note-t-il. On surveille davantage et on détecte beaucoup plus vite les nouveaux cas. On est également capable de développer des vaccins et des antiviraux très rapidement. Aujourd’hui, on doit se préparer face à ce risque comme on le fait face aux potentielles attaques terroristes. Lors du covid, le centre de crise nous a directement dit qu’il pouvait très bien gérer une menace terroriste dans une gare mais une crise sanitaire qui dure trois ans, beaucoup moins. C’était quelque chose de nouveau auquel on doit ajouter le niveau de stress dans la société”.