Belgique

Kristof Calvo (Groen) : “Le gouvernement provisoire proposé par Bart De Wever montre son désespoir, il veut masquer la réalité”

J’ai dit que la Vivaldi était un succès au niveau de l’action du gouvernement mais était un échec en tant que projet. C’était sincère. Au niveau des mesures, le palmarès est bon : on a triplé les éoliennes en mer du Nord, il y a eu des investissements dans la SNCB, le congé de paternité, la pension qu’on a fort augmentée surtout pour les indépendants, les allocations sociales, la gestion de la crise du Coronavirus, de la crise énergétique… Mais les résultats d’un gouvernement ne doivent pas être évalués uniquement dans ce qui est publié au Moniteur. L’ambition doit être plus grande : on ne doit pas seulement changer les lois mais aussi les attitudes, l’ambiance dans le pays. On a raté des opportunités.

Trop de chamailleries politiciennes dans la majorité ?

Oui. Trop de gens ont vu dans la Vivaldi un podium pour eux-mêmes et leur parti. Convaincre les gens de voter pour les démocrates et les progressistes, c’est un combat. Et il est loin d’être gagné. L’idée même de la démocratie parlementaire est désormais sous pression. L’idée qu’un sterke man, qu’un homme fort qui prendrait le pouvoir en Belgique serait une solution progresse dans les sondages. Les veto de certains provoquent le succès des extrêmes.

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Le veto du MR sur la réforme fiscale, par exemple ?

Oui. Trop de gens qui bossent ne voient pas assez les résultats à la fin du mois. Le prochain gouvernement devra mieux récompenser le travail via la fiscalité. Vincent Van Peteghem (ministre des Finances et vice-Premier ministre CD&V), que je considère comme l’une personnalités les plus fortes de la Vivaldi, a vraiment essayé de faire passer son projet de réforme fiscale. Malheureusement, le président du MR y a mis un veto. Autre exemple : sur le renouveau démocratique, l’ambition était très élevée dans l’accord de gouvernement à l’égard du statut des parlementaires, du financement des partis. Mais pour concrétiser ces mesures, cela a vraiment été très compliqué avec le PS et le MR… Ces réticences alimentent la campagne électorale des extrêmes.

guillement

Vincent Van Peteghem est l’une personnalités les plus fortes de la Vivaldi.« 

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L’expérience de la Vivaldi, malgré tout, doit-elle être poursuivie après les élections ?

Les progressistes doivent se rassembler, d’une manière ou d’une autre. Si on a pu présenter un bilan positif, c’est notamment parce que les sociaux-démocrates et les verts étaient ensemble autour de la table. Mais est-ce que cela sera encore le cas après le 9 juin ? Paul Magnette est très intelligent. Dans ses ouvrages, il y a toujours matière à réflexion. Mais je m’interroge : le PS ouvrira-t-il la porte à nouveau à la N-VA ? Durant l’été 2020, c’est en dernière minute que les verts et les libéraux se sont alliés et ont réussi à éviter l’alliance PS/N-VA. Un deal confédéral n’était pas exclu. Nous rejoindre dans cette alliance, c’est la meilleure chose que Bouchez ait faite depuis qu’il est président du MR. En fait, il devrait s’associer beaucoup plus souvent aux écologistes car cela met le pays dans la bonne direction.

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Bouchez devrait s’associer beaucoup plus souvent aux écologistes car cela met le pays dans la bonne direction. »

Verts et libéraux mettent le duo De Wever-Magnette dans les cordes

La N-VA doit-elle rester dans l’opposition au fédéral ? Bart De Wever envisage de devenir Premier ministre.

Il est difficile de gouverner un pays avec des gens qui veulent le détruire. Son idée d’un zakenkabinet (un “gouvernement d’affaires”, un exécutif provisoire qui gérerait les urgences en attendant une vaste réforme de l’État, NdlR), cela montre son désespoir car il doit se montrer créatif pour masquer la réalité. Il sait que son programme confédéraliste créera le chaos et qu’il y aura des négociations gouvernementales pendant plusieurs années… Il est difficile d’associer nationalisme et prospérité et stabilité. Je suis d’accord avec lui pour dire qu’il faudra un gouvernement le plus rapidement possible après les élections mais pas un gouvernement de liquidation de la Belgique.