Belgique

Kristof Calvo (Groen) franchit la frontière linguistique : “Je serai candidat sur la liste fédérale d’Écolo dans le Hainaut”

Il faut tenir ses promesses. Je vais me présenter aux élections du côté francophone sur la liste fédérale d’Écolo dans le Hainaut emmenée par Jean-Marc Nollet et Marie-Colline Leroy. Je vais pousser la liste, je serai dernier effectif. C’est dommage que je ne puisse pas me soumettre aux votes des électeurs francophones via une circonscription fédérale (qui aurait alors la taille de la Belgique, NldR). Mais il faut montrer le chemin. L’idée trotte dans ma tête depuis longtemps. Comme député, j’ai toujours considéré que je ne représentais pas juste une province mais toute la nation. Cela s’est décidé récemment. C’est Jean-Marc Nollet qui m’a convaincu. On se parle souvent. On a été chef du groupe Écolo-Groen à la Chambre au même moment. À l’époque, Marghem (ancienne ministre fédérale de l’Énergie dans le gouvernement Michel, NdlR) nous appelait Doel 1 et Doel 2… Jean-Marc m’a appris beaucoup. Il a toujours été là pour moi dans les moments difficiles.

guillement

Comme député, j’ai toujours considéré que je ne représentais pas juste une province mais toute la nation. »

Marie-Christine Marghem, l’électron libre de la Vivaldi

À la dernière place, vous ne serez probablement pas réélu à la Chambre.

Je n’ai pas l’ambition de faire un quatrième mandat au parlement. Il faut pouvoir faire autre chose dans la vie. Un mandat politique ne peut pas être un but en soi mais un moyen.

Pourquoi vous présenter dans le Hainaut ?

Le Hainaut est très important. Démographiquement et politiquement. On y trouve beaucoup d’électeurs et beaucoup de personnalités politiques. Jean-Marc Nollet, Paul Magnette, Georges-Louis Bouchez… Dans le Hainaut, c’est “Le choc des titans”. C’est la province la plus fascinante et la plus déterminante pour les élections du 9 juin. Et il y a aussi des raisons personnelles : la volonté d’aider Jean-Marc et Marie-Colline et de faire bouger les lignes. J’ai évolué ces dernières années : mes ambitions personnelles sont devenues plus sobres. Mais mon appétit pour les débats et les idées a grandi. Une campagne électorale, c’est la fête de la démocratie. C’est le moment où on détermine ensemble la direction du pays. Et je pense que je peux apporter quelque chose dans ce combat des idées. On ne peut pas sous-estimer l’importance des élections qui viennent. Ce n’est pas le moment de rester silencieux. Il faut renforcer les fédéralistes dans ce pays.

guillement

On ne peut pas sous-estimer l’importance des élections qui viennent. Ce n’est pas le moment de rester silencieux. Il faut renforcer les fédéralistes dans ce pays.« 

Kristof Calvo (Groen) : « Je me présenterai un jour aux élections du côté francophone »

Dans ce combat des idées, ne valait-il pas mieux que vous vous présentiez en Flandre pour tenter de contrer le Vlaams Belang ?

C’est le message clef de ma candidature dans le Hainaut : l’avenir de la Belgique ne se joue pas seulement en Flandre. L’avenir est aussi entre les mains des francophones. Il y a parfois un malentendu : le combat contre le nationalisme et le populisme ne devrait se mener qu’au nord du pays. Ce n’est pas juste. Je ne veux pas donner de leçon aux francophones mais la lutte face à ces courants politiques doit être collective.

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Dans le Hainaut, vous serez confronté à Georges-Louis Bouchez, qui est clairement fédéraliste mais qui est qualifié de “conservateur”, voire de “réactionnaire”, par Écolo.

Il y a trois catégories d’hommes et de femmes politiques : il y a ceux qui veulent détruire la Belgique ; il y a ceux qui déclarent leur amour pour le pays mais ne sont pas capables de mettre en œuvre concrètement cet amour et c’est parfois le cas de Bouchez ; et, enfin, il y a ceux qui aiment la Belgique et essaient de la défendre au quotidien. J’espère faire partie de cette troisième catégorie. Ce n’est pas toujours facile. Bien sûr, il y a des différences entre Écolo et Groen ou entre Jean-Marc et moi. Mais le style des verts, c’est de chercher les convergences entre francophones et néerlandophones et entre les familles politiques démocratiques. Ces convergences sont plus nombreuses que ce que l’on essaie de faire croire.

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Vous pointez le populisme des nationalistes flamands mais, dans le Hainaut, vous allez être confronté à un autre populisme : celui des communistes du PTB

Je n’ai pas une affiche du PTB dans ma chambre, c’est clair… Je les considère comme des populistes. Mais il y a une différence importante entre le Belang et le PTB. Le Belang est une plus grande menace. Les démocrates et les progressistes doivent se demander comment faire partie de la solution face à ces mouvements. On ne sait rien faire tout seul. Mon message n’est pas de dire de voter pour moi et pour Écolo et que tout changera… Ce n’est pas crédible, on a toujours besoin de partenaires.

guillement

Il y a une différence importante entre le Belang et le PTB. Le Belang est une plus grande menace.« 

Dans le débat francophone, Écolo est régulièrement attaqué par le MR et Défi : les verts ouvriraient la porte à l’islam politique en voulant se montrer “inclusifs”. Quelle est votre lecture ?

Je suis étonné par l’agressivité dans ce débat. En particulier sur le voile. Moi, je suis un libéral pur et dur : je défends la liberté. La liberté de refuser le voile, la liberté de le porter. Pas de pression sociale, mais un vrai choix libre pour les femmes.

Kristof Calvo politicien Groen
Kristof Calvo, député fédéral Groen ©Jean Luc FLEMAL

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