Belgique

Il n’y aura plus de vélo fantômes à Gand pour rendre hommage aux cyclistes décédés sur la route

Venu des États-Unis

Le premier vélo peint en blanc a été placé en 2012 à Gand pour commémorer la mort d’un jeune homme de 22 ans happé par un train. Il monte toujours la garde près de l’entrée de l’usine Volvo où a eu lieu l’accident, douze ans après le drame. L’idée est venue des États-Unis, de la ville de Saint-Louis (Missouri) plus précisément où en 2003 et pour la première fois en Flandre, une bicyclette peinte en blanc a servi de mausolée de fortune après un accident mortel de la route.

Le Fietsersbond local auquel appartiennent les deux hommes n’en était pas à son coup d’essai. Dès les années 90, il organisait des actions coup de poing et l’occupation de carrefours dangereux, ce qui valut d’ailleurs à leurs organisateurs de se retrouver à intervalle régulier au commissariat. Mais avec les vélos blancs, les militants tenaient un moyen plus sûr de secouer les consciences et d’attirer l’attention de l’opinion publique.

Attirer l’attention

Cela a été particulièrement le cas, en janvier 2013, à l’occasion du décès d’une jeune étudiante en soins infirmier renversée par un chauffard en état d’ébriété. Et, plus encore, en février 2018, après la mort d’une jeune fille de 16 ans écrasée par un camion qui ne l’avait pas vue, à un carrefour réputé depuis longtemps déjà pour sa dangerosité. La pose d’un vélo fantôme a amplifié, dans les deux cas, la vague d’indignation que ces accidents ont provoquée en Flandre. Elle les a fait entrer dans la mémoire collective. Et, dans certains cas, a obligé les autorités à aménager l’infrastructure pour réduire les risques d’accident.

Ces vélos peuvent également agir comme des repères dans la nuit la plus sombre. “Pour moi, a confié la maman de l’adolescente décédée, ils ont beaucoup de signification. Nous n’allons pas souvent nous recueillir au cimetière. Mais nous allons à son vélo. C’est là que cela s’est passé. C’est là que ma fille se trouve.

Les deux volontaires ont bien essayé d’assurer leur propre relève. Un autre militant a même été formé. Mais il a renoncé à perpétuer leur action tout seul. “C’est l’histoire de nombreuses ASBL, s’est désolé Jan Goddemaer. Il est difficile de trouver des volontaires.” C’est sans doute cette impuissance qui a ému la presse flamande. Et l’immensité de la tâche. Depuis l’apparition du premier vélo blanc, 21 autres cyclistes ont perdu la vie dans le trafic à Gand. C’est d’ailleurs en Flandre que les accidents mortels sont les plus nombreux – mais c’est aussi en Flandre que l’usage du vélo est le plus naturel. Selon les statistiques de la sécurité routière, 73 cyclistes ont perdu la vie en 2022 sur une route flamande contre 18 en Wallonie et 4 à Bruxelles.