Belgique

Débordés, épuisés, les professionnels de la petite enfance sont en colère: “On perd le sens de notre métier”

À bout de souffle

Même moral en berne du côté des accueillantes à domicile. Sorties à genoux de la crise Covid, elles vivent mal le manque de reconnaissance de leur travail pour lequel elles doivent être disponibles 10 heures par jour et 50 heures par semaine. Si le passage au statut d’” employé à domicile” a amélioré leur sort, il est loin d’avoir réglé tous leurs problèmes. Les conditions salariales des accueillantes subventionnées restent peu attractives. Si on ajoute à ce tableau les témoignages des travailleurs de l’accueil temps libre (garderies, extrascolaire, plaines de jeux, écoles de devoirs…), souvent dans des statuts précaires (personnel communal détaché, étudiants, bénévoles…), c’est tout le secteur de la petite enfance qui se dit à bout de souffle.

Ce mercredi, devant le cabinet de la ministre en charge de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard (Ecolo), les syndicats viendront exprimer leur ras-le-bol en front commun (Setca, CNE, CGSLB, CGSP, CSCSP et SLFP), accompagnés d’organisations d’employeurs (Unessa et File).

”La colère est montée en puissance au cours des derniers mois”, explique Stéphanie Paermentier, secrétaire nationale non-marchand de la Centrale nationale des employés (CNE, syndicat chrétien). “Le personnel s’épuise, tombe malade et il y a énormément de difficultés à le remplacer. On est dans un cercle vicieux. Il faut absolument rappeler nos fondamentaux. Les mille premiers jours d’un enfant sont cruciaux pour la suite. Il faut une prise de conscience politique et mettre cet enjeu vital en haut de l’agenda”, insiste la syndicaliste.

”Gravement à la traîne”

Des mesures d’urgence ont récemment été prises suite à la fermeture, médiatisée, de plusieurs structures d’accueil pour la petite enfance. “On a senti une volonté de maintenir à tout prix un nombre de places d’accueil, sans forcément respecter les normes ONE, pour que les parents puissent continuer à aller au boulot. Mais on n’est pas seulement là pour soutenir l’employabilité des parents !”, s’insurge Stéphanie Paermentier. “Les professionnels de la petite enfance assurent un rôle éducatif et social primordial, pour les enfants comme pour la société.”

Malgré le caractère essentiel du secteur de la Petite enfance, la Fédération Wallonie-Bruxelles reste “gravement à la traîne” dans ses investissements, dénoncent les professionnels. “Sans volonté politique forte, le risque d’une large marchandisation du secteur est bien réel. Le profit, et non l’intérêt des enfants, deviendrait alors la seule règle.”