Belgique

Bruxelles va reconnaître le « clubbing » comme patrimoine culturel immatériel

”Pascal Smet étudie actuellement, en étroite concertation avec la Fédération bruxelloise de la nuit, la possibilité de reconnaître la vie nocturne bruxelloise comme patrimoine immatériel”, confirme le cabinet du secrétaire d’État. “Le dossier est actuellement en préparation pour lancer la procédure.” Cette future reconnaissance au patrimoine culturel immatériel bruxellois, donc comme “élément d’intérêt public”, ne sera pas sans conséquence pour les riverains. Raison pour laquelle l’administration régionale de l’urbanisme examinera “l’impact concret éventuel de cette éventuelle inscription”.

Voici pour les décisions. Le président de la Brussels by night Federation Lorenzo Serra se réjouit que cette demande du monde de la nuit ait été entendue par le monde politique bruxellois. “Cela m’enchante. Je trouve très enthousiasmant de voir que l’on travaille ensemble, que l’on avance ensemble pour construire Bruxelles, dans l’intérêt de tout le monde. Il est primordial de respecter les voisins et les établissements nocturnes. Nos voisins sont souvent nos premiers clients.”

Concrètement, “le patrimoine culturel immatériel de la Région recouvre les pratiques (coutumes et traditions, expressions orales, pratiques sociales, connaissances et savoir-faire) présentes sur le territoire de la région de Bruxelles-Capitale ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés et que les communautés, les groupes ou les individus de la Région reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine”, explique patrimoine.brussels. L’art de la fauconnerie, la culture fritkots, le Meyboom, la culture des géants, l’Ommegang, la Saint Verhaegen, la procession de Saint-Guidon, le Spéculoos ou la culture vivante de la fête foraine font ainsi partie du patrimoine culturel immatériel bruxellois.

La task force Nightlife est en train de monter le dossier pour l’inscription à l’inventaire bruxellois. Et de lister les établissements concernés même si “cette liste ne sera pas exhaustive. Nous prendrons des exemples probants et préparons également une nouvelle définition de ce qu’est une discothèque à Bruxelles.” Ceci ne réglera néanmoins pas tout. “Cette reconnaissance constitue le premier des trois points sur lesquels nous insistons”, poursuit Lorenzo Serra. “Nous souhaitons également agir sur le statut d’agent de changement, comme il existe à Berlin où au Québec. Lorsqu’un établissement est reconnu d’intérêt public, il est protégé de toute menace externe. Ainsi, une personne qui vient habiter à côté, en connaissance de cause, ne peut pas attaquer l’établissement pour nuisances. Ce statut va dans les deux sens. Si un établissement s’installe dans un quartier résidentiel, il doit tout faire pour ne déranger personne.”

La Brussels by night Federation souhaite néanmoins aller plus loin qu’une simple liste de discothèques à protéger. Et élargir cette protection aux quartiers festifs. “On doit pouvoir lister ces quartiers pouvant être considérés comme important pour la vie bruxelloise.” On pense ici, par exemple, à Saint-Géry dans l’hypercentre, la place Fernand Coq ou la place Flagey à Ixelles.

On s’en souvient, la fermeture du Fuse suite à une plainte d’un voisin a créé un appel d’air chez de nombreux Bruxellois, voisins de night-clubs et bars de nuit. “L’affaire du Fuse a clairement fait jurisprudence. La moitié de nos membres sont impactés par une ou plusieurs plaintes. Tous sont menacés de fermeture”, détaille le président de la Brussels by night Federation. Autrement dit, il y a urgence.