Belgique

Assises du Hainaut : les bruits intempestifs et les agressions en tout genre de Domenico Puddu

”Dans la gueule d’un chat”

Il a fallu attendre le témoignage d’une voisine qui a connu l’accusé lorsqu’elle avait six ans, pour entendre quelque chose de positif. Elle annonce devant la cour le considérer comme un oncle ou un parrain, très présent dans leur vie et faisant preuve de générosité à leur égard. “Nos parents ne nous laissaient pas aller n’importe où mais chez Dominique, c’est comme ça que nous l’avons toujours appelé, ils nous laissaient aller en confiance”. Son père lui succédera devant la cour pour livrer un témoignage tout aussi positif. Il se demande par contre comment “un homme qui est capable de retirer une souris en vie de la gueule d’un chat, peut faire ça”, tout en confirmant qu’il le considère comme un frère.

Le témoignage le plus accablant sera livré par un ancien voisin de l’accusé lorsque celui-ci vivait à Fayt-lez-Manage. Il expliquera qu’à l’époque, il a déposé une quarantaine de plaintes contre Domenico Puddu pour des agressions diverses et variées. “Il y avait aussi des bruits anormaux que nous entendions. Lors d’une perquisition, la police a vu qu’il avait un gong et un appareil d’amplification, tout cela était programmé. Apparemment, le bruit que nous faisions l’agaçait alors que nous vivions normalement. Pour pouvoir nuire aux autres, il était très fort”. Il expliquera que selon lui, c’est à cause du comportement de Domenico Puddu que sa femme est “tombée morte de stress”. Un témoignage que l’accusé contestera en donnant sa version des faits, contradictoire en partie avec le jugement rendu à l’époque dans cette affaire.

Aucun témoin vivant dans le quartier, venu évoquer Domenico Puddu, ne se plaindra d’avoir été incommodé par les travaux réalisés par Jean-Yves Wargnies.

Quant aux témoins appelés pour évoquer la personnalité de Jean-Yves Wargnies, ils ne tarissent pas d’éloge à l’égard de leur ami décédé. Ils évoquent les “1 000 vies de Jean-Yves”, “ses idées dingues”, “son côté fédérateur”, “son soutien”, “l’impossibilité de se disputer avec lui”, etc. Sa sœur Agnès précisera de son côté que son frère lui avait dit “qu’il n’avait pas confiance en cet homme (NdlR : Domenico Puddu), qu’il était méfiant. J’ai compris que ce n’était pas de la rigolade. Je lui ai conseillé de déposer une plainte pour menaces”.

Le matin, les experts étaient entendus pour évoquer la personnalité de Domenico Puddu en précisant qu’il “faut qu’il contrôle son environnement. L’imprévu, qui peut être un challenge chez d’autres, engendre une certaine anxiété chez lui”, déclare le psychologue. Le même expert n’a relevé aucune maladie mentale, il est responsable de ses actes. “Il a clairement des réactions exagérées par rapport aux problèmes, il peut aussi se montrer hostile et soupçonneux, revendicatif, exigeant, réaliste, organisé, égocentré, conservateur et rigide”, expliqua le psychologue.

”Frère de cœur”

La journée de mercredi fut aussi marquée par le témoignage de Christophe B., l’ami qui aidait Jean-Yves Wargnies dans ses travaux, le jour du drame. Celui-ci confirme ce qu’il a dit lors de l’enquête, à savoir que lorsque Domenico Puddu est revenu près de lui après avoir abattu Jean-Yves Wargnies, il l’aurait menacé s’il ne disait pas aux enquêteurs qu’il avait averti Jean-Yves Wargnies de cesser de faire du bruit. “Il me conseille de dire la vérité, en menaçant de me tuer si je mens”. Le témoin qui est aussi partie civile ajoutera que “la vie n’a plus la même saveur désormais. Je suis hypervigilant, toujours un peu sur la défensive. Je ne suis plus l’homme que j’étais”. Christophe B. évoquera enfin le sentiment qui l’anime encore aujourd’hui, se demandant comment il aurait pu “sauver son frère de cœur”.

Domenico Puddu s’était donc construit une autre famille que la sienne avec quelques voisins. Mais pas avec Jean-Yves Wargnies, qui faisait “trop de bruit” à son goût.