Belgique

Affaire Adil : “On tente de polariser ce dossier, de faire des raccourcis douteux entre racisme et police”, affirme Sven Mary

Dans le dossier relatif au décès d’Adil, la chambre du conseil a décidé, mardi, de reporter l’épineux dossier au 5 septembre. Et pour cause : des éléments nouveaux se sont ajoutés. En effet, nos confrères du Soir et de la RTBF révèlent que l’un des policiers directement impliqué dans la mort d’Adil aurait eu une attitude raciste, sexiste et xénophobe. Des faits dénoncés par une fonctionnaire de police qui travaille dans la même zone de police, celle de Bruxelles Midi.

Bruxelles - Saint-Gilles: Sven Mary - Avocat pnaliste. A Bruxelles le 2 fvrier 2023
©JC Guillaume
guillement

Tout cela n’est aucunement lié à l’affaire Adil. Nous déplorons que deux affaires différentes soient mélangées.« 

Les proches d’Adil sous le choc

Selon les dires de la fonctionnaire de police – un procès-verbal qui fait à présent partie du dossier relatif au décès d’Adil – “l’inspecteur principal a tenu des propos racistes par rapport au jeune Adil. Il m’est également revenu de ses hommes que ce dernier se vantait « d’en avoir sorti un de la rue » par rapport à la mort du jeune Adil. Il se serait également vanté d’avoir déjà tué”. Toujours selon la fonctionnaire de police, “plusieurs remarques ou insultes racistes ont été proférées à l’encontre d’inspecteurs de police d’origine étrangère. Nous citons, et veuillez nous en excuser, des termes comme bougnoul, vous enculez des chèvres dans vos pays d’origine, je ne comprends pas que vous ne mangiez pas de porc…”

Alexis Deswaef, qui représente les proches d’Adil, s’est exprimé au nom de la famille du jeune garçon. “Ils sont profondément choqués par ce qu’ils ont lu. Par ailleurs, les frères d’Adil connaissent plusieurs amis d’Adil qui sont actuellement poursuivis devant le Tribunal correctionnel suite aux émeutes à Anderlecht une semaine après le décès d’Adil. Ces jeunes dénoncent le racisme de certains policiers, ce que cette nouvelle pièce vient confirmer”.

Contactée par La Libre, la porte-parole de la zone de police, Sarah Frederickx, a répété ce qu’elle avait déjà expliqué à d’autres médias. À savoir que “l’information selon laquelle l’intéressé se laissait aller à des déclarations à caractère potentiellement raciste ou sexiste avait été transmise à la direction du service interventions afin de s’enquérir de la situation. Un entretien avait ensuite eu lieu […] et il était ressorti que le langage de Monsieur était inadapté aux oreilles contemporaines. Aucune intention raciste ou sexiste ne se dégageait de son comportement.” “Tout cela n’est aucunement lié à l’affaire Adil, ajoute la porte-parole. Nous déplorons que deux affaires différentes soient mélangées.”

guillement

Y a-t-il des personnes racistes au sein de la police ? Oui, comme c’est le cas dans l’ensemble de la société. Est-on, dans ce qui nous préoccupe ici, dans une affaire où il serait question de possibles violences policières animées par du racisme ? Non! Pourtant, on essaie de réorienter le dossier vers ça.« 

Fuite organisée ?

Sven Mary, l’avocat du policier qui a percuté Adil, estime également que les risques d’un embrasement ne sont pas à exclure. “Si ce week-end, il y a de nouveaux des violences à Anderlecht parce qu’on a donné une connotation raciste au dossier, il faudra se poser quelques questions. Celui qui a volontairement organisé la fuite de ces éléments du dossier doit se poser des questions.”

Selon l’avocat, la médiatisation de tels éléments du dossier pose problème puisque cela pourrait donner une orientation erronée à l’affaire. “Le PV concernant ces accusations de racisme n’a rien à voir avec les faits, mais cela permet d’alimenter cette image du policier raciste et violent. En fait, on tente de polariser ce dossier, de faire des raccourcis douteux entre racisme et police. Si vous mettez les termes “racisme”, “violences policières” et “Adil” ensemble, cela pourrait laisser entendre qu’il s’agit d’un acte volontaire. C’est abject.”

Et de conclure : “Y a-t-il des personnes racistes au sein de la police ? Oui, comme c’est le cas dans l’ensemble de la société. Est-on, dans ce qui nous préoccupe ici, dans une affaire où il serait question de possibles violences policières animées par du racisme ? Non ! Pourtant, on essaie de réorienter le dossier vers ça, au détriment de toute une série d’éléments d’experts qui ne vont pourtant pas dans ce sens. C’est dangereux”.