Suisse

Flavio Cotti: le voyage de l’espoir

Conférence de presse de Flavio Cotti le 22 juin 1992 à son retour du Brésil. Swiss National Museum / ASL

C’est rempli d’espoir que le conseiller fédéral Flavio Cotti se rendit au Sommet de la Terre à Rio en 1992. Ses attentes quant à des résultats concrets furent cependant déçues.

Ce contenu a été publié le 08 janvier 2024 – 11:00




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La CNUED se déroula du 3 au 14 juin 1992 dans la métropole côtière brésilienne de Rio de Janeiro. Après la Conférence de Stockholm en 1972, il s’agissait de la deuxième grande conférence internationale des Nations unies consacrée aux problèmes environnementaux mondiaux. Le «Sommet de la Terre de Rio» rassembla un nombre record de 10 000 délégués venus de près de 180 pays. Plus de 100 dirigeants se réunirent pour débattre des solutions à apporter aux grands défis environnementaux.

Le président de la Confédération Arnold Koller lors de la deuxième Conférence mondiale sur le climat en 1990 à Genève. Au premier plan, la Première ministre Margaret Thatcher. Keystone / STR

Le début des préparatifs de la CNUED fut marqué par une décision de l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 1989. La communauté internationale se prépara ensuite au sommet de 1992 en organisant de nombreuses réunions, auxquelles la Suisse participa activement dès le début. Conformément à l’orientation stratégique de sa politique extérieure en matière d’environnement, encore toute jeune, la Suisse s’engagea en premier lieu à élaborer une convention sur le climat aussi efficace que possible, avec des objectifs concrets de réduction des émissions.

L’engagement de la Suisse se traduisit d’abord par l’organisation de la deuxième Conférence sur le climat en novembre 1990 à Genève. Lors de celle-ci, dans une allocution remarquable, le président de la Confédération Arnold Koller déclara face à la communauté internationale que la Suisse stabiliserait les émissions au niveau de 1990 d’ici l’an 2000 en introduisant une taxe sur le CO2.

Si ce projet ne vit jamais le jour en raison de divergences politiques internes, la Suisse n’en continua pas moins de s’engager à l’international en faveur de mesures efficaces, notamment lors du déblocage des négociations sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en amont de la CNUED.

C’est uniquement grâce à une initiative commune du conseiller fédéral Flavio Cotti et du ministre brésilien de l’éducation José Goldemberg qu’une convention susceptible de réunir une majorité put être élaborée dans le cadre d’un compromis, puis soumise à signature lors de la Conférence de Rio.

Le Sommet de la Terre organisé à Rio en 1992 fut un grand succès, du moins en matière de participation. Tom Prendergast / United Nations Photo

Ainsi, le 12 juin 1992, Flavio Cotti signa la Convention-cadre sur les changements climatiques au nom de la Suisse. Le lendemain, dans son discours à l’assemblée plénière, il se montra déçu par les résultats de la conférence, qui se résumaient selon lui surtout à des «déclarations d’intentions et des engagements généraux qui demandent des développements et des précisions ultérieurs». Malgré tout, «la Conférence de Rio constitue une percée essentielle sur la voie du développement durable», ajouta-t-il.

Fidèle à la tradition de la politique étrangère du pays, le corps diplomatique suisse s’était déjà engagé, peu après le lancement de la CNUED en 1989, pour que la Genève internationale renforce sa position en matière d’environnement. Le Secrétariat chargé des travaux préparatoires de la CNUED fut établi à Genève grâce à un généreux soutien financier de la Suisse. Les deuxième et troisième sessions décisives des travaux préparatoires se tinrent également à Genève.

La conférence entraîna notamment la création de la Commission du développement durable, chargée de coordonner les travaux de suivi de la CNUED au sein du système onusien. La Suisse tenta également d’attirer le secrétariat de cette commission à Genève au travers d’une vaste campagne. Bien que la majorité des États membres de l’ONU se soient prononcés en faveur de Genève, le Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali décida de son propre chef d’établir le secrétariat à New York.

Le secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros-Ghali, ici avec le conseiller fédéral René Felber en 1992, entretenait de bonnes relations avec la Suisse. Mais il ne voulait pas pour autant installer le secrétariat de la Commission du développement durable à Genève. Swiss National Museum / ASL

La signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Rio marqua le début des Conférences des Parties (COP), lesquelles ont encore lieu à l’heure actuelle.

Les résultats des COP de 2021 et 2022, à Glasgow et à Charm El-Cheikh, ainsi que la vive polémique autour de la nomination du PDG de l’une des plus grandes compagnies pétrolières et gazières du monde à la présidence de la COP de Dubaï de 2023, suggèrent que le «coup d’envoi pour un développement durable respectueux de l’environnement» donné à Rio trouve de moins en moins d’écho.

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