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Thierry Dailly, président du RWDM : “Le but a toujours été de ramener le RWDM en D1”

Thierry Dailly, comment avez-vous vécu cette semaine si particulière ?

”Intensément, comme l’ont été les six dernières. Quand nous avons débuté les playoffs, j’ai dit aux joueurs qu’il nous restait dix matchs à jouer et que si nous les gagnions tous, nous serions champions. Nous avons pratiquement réalisé un sans-faute, ce qui nous a permis d’avancer semaine après semaine vers notre but ultime. Il ne nous reste plus que ce dernier match, qu’il faut jouer, car ça reste une belle équipe en face. Un match qu’il faut aborder avec respect. Pour répondre à votre question, je vous dirais que les journées sont longues, l’impatience est là, on parle tout le temps de cette finale mais la seule chose qui compte, c’est d’obtenir le titre et la montée en D1 samedi.”

Une semaine plus excitante que stressante ?

”Il y a un peu des deux. Du stress, de l’adrénaline, de l’excitation, tout va ensemble. Mais jouer un match du titre, lors de la dernière journée, dans notre stade, face au voisin mauve, c’est presque l’apothéose idéale. Ce sera une belle fête pour le football bruxellois.”

Avant ça, il y a eu un week-end particulier avec la possibilité d’être champion le dimanche en cas de faux pas de Beveren au Lierse. Comment l’avez-vous vécu ?

”J’ai suivi ce match de la première à la dernière et je suis passé par toutes les émotions. C’est peut-être la première fois que je supportais le Lierse (rires). Ça aurait été bien d’assurer le titre le week-end dernier, même si à choisir, c’est toujours mieux de pouvoir jouer le match du titre dans votre stade. Même si vous n’êtes sûr de rien.”

Anderlecht ne sera finalement pas renforcé par des joueurs du noyau A. C’était une de vos craintes ?

”Je n’ai jamais eu de craintes, je voulais juste que les choses se passent normalement. Je ne vois pas pourquoi Anderlecht aurait fait ça, ne fût-ce que par respect pour ses U23 qui ont travaillé toute la saison.”

D’autant que l’entente avec Anderlecht est bonne depuis quelques années.

”Je suis un rassembleur, nous sommes des clubs voisins, séparés par moins de 4 km. Dès le début, j’ai prôné le rapprochement et la collaboration plutôt que la rivalité qui a alimenté le passé. Et puis j’ai un énorme respect pour Anderlecht, qui reste le plus grand club de Belgique. Un respect qui va dans les deux sens d’ailleurs. J’ai beaucoup d’amis du côté des supporters d’Anderlecht et je sens beaucoup de respect de leur part. Ils sont clairement avec nous, ont envie de fêter cette montée avec nous. Ça démontre bien que nous, Bruxellois, nous sommes fiers d’être bruxellois.”

Samedi, il y aura 9 000 personnes dans un stade Machtens comble. C’est votre plus grande fierté ?

”C’est aussi pour vivre de tels moments que nous avons relancé le club en 2015. Rien que d’en parler, ça me donne des frissons. Ce sera une belle fête, un beau derby, entre deux clubs qui se respectent et s’apprécient. Et si tout se passe bien, nous pourrons revivre ces beaux derbys la saison prochaine en D1.”

Cette D1, elle est à 90 minutes. L’aboutissement de plus de huit années de travail est donc proche…

”On ne se rend pas encore vraiment compte de tout le chemin parcouru. Ce sera peut-être plus le cas à la fin du match. Je suis quelqu’un qui n’oublie pas le départ, je sais d’où on a commencé et c’est ce qui nourrit ma passion. Je sais les obstacles et les moments difficiles qu’il a fallu franchir, des moments qu’il ne faut pas oublier. Se dire qu’il y a huit ans nous jouions des matchs en D3 amateurs et que nous sommes désormais à 90 minutes de la D1, c’est énorme. D’autant que l’esprit de famille présent à nos débuts est toujours là. Le RWDM est comme ça, même si on lui ajoute des couches de professionnalisme.”

« Si le titre est au bout, les émotions seront fortes. »

Quel chemin parcouru en huit ans…

”Nous sommes partis de zéro, avec un projet sain et nous avons gravi les échelons les uns après les autres. Beaucoup de choses se sont passées durant ces huit saisons, ça a été un travail de fond colossal mais avant tout une passion. On dit toujours que les 90 minutes du week-end sont les plus importantes, mais n’oublions pas toutes ces heures de préparation en amont, tout ce travail dans les bureaux et toutes ces personnes qui ont permis au club de grandir et devenir ce qu’il est aujourd’hui. Pour le moment, je prends du recul par rapport à tout ça mais si le titre est au bout samedi, les émotions seront fortes.”

Au cours de ces huit années, vous n’avez raté qu’un match…

”Un match à Mouscron l’an passé pour cause de santé. Et encore, je l’ai regardé à la télévision. Je n’ai pas raté un seul match officiel car je vis cette passion au même titre que les joueurs, le staff et les supporters.”

Être aux portes de la D1 huit ans après avoir relancé le projet ; est-ce que c’est quelque chose que vous aviez imaginé à la renaissance du RWDM ?

”On m’a souvent posé cette question mais je n’ai jamais fixé de date car c’est impossible en sport. D’autant que durant cette période, il y a eu les attentats de 2016 qui ont fait mal à Molenbeek et puis la période Covid. Nous sommes quand même partis de la D3 amateurs mais l’objectif a toujours été le même. Le but a toujours été de ramener le RWDM en D1. Il y a eu tout un processus à suivre, des investisseurs à trouver, ce que nous sommes parvenus à faire, et maintenant il faut concrétiser tout ça sur le terrain. Quand vous relancez un club comme le RWDM, vous n’avez pas le droit à l’erreur car il y a tout un peuple molenbeekois qui a tant souffert par le passé et pour qui ce club représente tout. Je dirais que quand on fait les bons choix et qu’on rassemble les bonnes personnes, rien n’est impossible.”

En parlant de bons choix, évoquons l’équipe de cette saison et surtout son staff emmené par Vincent Euvrard.

”Dans le sport d’équipe, la clé du succès, c’est le collectif. Cette bonne cohésion qui transpire à tous les étages du club, c’est ce qui vous permet de réussir. Je dirais que chaque année, à chaque promotion que nous avons eue, nous avions le bon coach au bon moment. Danny Ost a été le coach clé pour relancer le club, il a donné une crédibilité au projet. Et puis, on a eu Drazen Brncic qui a été très important avec les titres de D2 et D3. Je n’oublie pas Fred Vanderbiest, Stilmant et Demol, et puis il y a l’arrivée de Vincent, qui a professionnalisé le club. Avec Julien Gorius que je n’oublie pas, ni Serge Beerens qui a bossé avec moi pendant 5-6 ans. Chaque personne passée au club a apporté quelque chose dans notre évolution.”

Si tout se passe bien, le RWDM sera en D1 la saison prochaine. Quel visage pourrait-il avoir ?

”On se concentre d’abord sur cette dernière rencontre. La préparation pour la D1 débutera dès le lundi, que ce soit concernant les infrastructures, le noyau et le recrutement. Pour l’instant, il est encore difficile d’envisager la prochaine saison mais il est certain qu’on fera tout pour attirer des joueurs qui nous permettront de nous renforcer, comme nous l’avons fait chaque année. Je remercie d’ailleurs tous les joueurs et entraîneurs passés par le club depuis la D3 et qui ont cru en ce projet.”

Le noyau : Defourny, De Bie, Heris, Sankhon, Hamalainen, Le Joncour, Vorogovskiy, O’Brien, Camilo, Barreto, De Sart, Gécé, Oyama, El Ouahdi, Biron, Hazard, Challouk, Botella, Ferraro, Vinicius, Dailly.