Sport

Remco Evenepoel après ses deux chutes : “J’ai fort mal, on va voir”

Pour ne pas prendre froid, Evenepoel gardait sa veste noire. On le reconnaissait quand même aux lignes de l’arc-en-ciel qu’il avait sur le dos. Il était bien décidé, malgré ce temps de chien, à ne pas devoir puiser dans ses réserves maintenant qu’il était (momentanément ?) débarrassé du maillot rose. C’est raté car il est tombé à deux reprises !

Il s’est fait deux très grosses frayeurs mais a passé la ligne en un seul morceau, le cuissard pas déchiré et, a priori, sans blessure. “Remco n’a, semble-t-il, rien de cassé, mais nous allons quand même faire des radios”, a expliqué Phil Lowe, l’attaché de presse de l’équipe Soudal Quick-Step, au pied du bus.

En s’engouffrant dans la voiture qu’il prend tous les jours, Evenepoel lâcha juste : “J’ai fort mal, on va voir.” En attendant les résultats des examens médicaux, il est toujours 2e du classement général à 28 secondes du Norvégien Leknessund.

La première fois qu’il est allé au sol, le champion du monde, n’a pas pu éviter son équipier Davide Ballerini, qui venait d’être touché par un chien. Resté longtemps assis au sol entouré de deux de ses équipiers, le double vainqueur de Liège-Bastogne-Liège est remonté sur son vélo sans s’énerver. Il leva même le pouce en direction des caméras pour indiquer que tout allait bien, avant de se rendre compte qu’un spectateur avait profité de sa mésaventure pour le dépouiller d’un bidon. Il pensait en être quitte avec cette frayeur qui n’était pas la première causée par un animal.

C’était compter sans une fin de course très nerveuse à cause du temps exécrable. Primoz Roglic et Andreas Leknessund, l’actuel maillot rose, furent pris dans une chute à sept bornes de la fin mais rentrèrent dans le peloton quelque temps plus tard.

Il restait, alors, un peu moins de trois kilomètres lorsque, surpris par la manœuvre d’Alex Kirsch (Trek-Segafredo), Evenepoel perdit le contrôle de son vélo et chuta très lourdement. Il se releva à nouveau mais ne cacha, cette fois, pas son énervement (à l’égard de son directeur sportif ?). Lui qui voulait pouvoir un peu souffler après avoir cédé le leadership a passé une journée bien difficile.

Journée noire pour Remco Evenepoel au Giro: le champion du monde a chuté lourdement deux fois (VIDEOS)

Plus heureux que Pantani et Thomas

Un favori du Giro qui va au sol, c’est évidemment déjà arrivé. On se souvient que, en 1997, Marco Pantani, qui en faisait un objectif concret, avait dû abandonner après une lourde chute. Beaucoup plus récemment, en 2020, Geraint Thomas a, lui, dû quitter le Tour d’Italie dans des circonstances pour le moins inattendues. Dès le départ fictif de la 3e étape, il avait roulé sur un bidon. Il s’était relevé avec des douleurs partout. Fortement diminué, il avait passé la ligne d’arrivée sur les pentes de l’Etna avec 12 minutes de retard sur les autres favoris. Le Gallois n’avait pas pu prendre le départ le lendemain. On n’ose imaginer qu’il en aille de même pour Evenepoel ce jeudi à Naples.

Gilbert et Lampaert ont connu ça

Ce n’est pas la première fois qu’un chien provoque la chute d’un ou de plusieurs coureurs. Les exemples ne manquent pas. Au Tour 2012, Philippe Gilbert en avait fait les frais. Coureur de la BMC à l’époque, le Remoucastrien avait failli en venir aux mains avec le propriétaire de l’animal… avant de remonter sur le vélo. L’an dernier, toujours à la Grande Boucle, Yves Lampaert et Steven Kruijswijk avaient, eux aussi, connu un incident similaire au début de la 12e étape entre Briançon et l’Alpe d’Huez, qui avait vu Tom Pidcock s’imposer en solitaire. Si notre compatriote et le Néerlandais avaient également eu plus de peur que de mal, le Flandrien avait fait part de son mécontentement sur les réseaux sociaux. “Il y a eu une chute dans le peloton à cause d’un chien, avait-il écrit. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, gardez votre chien à la maison, s’il vous plaît !”

Si ces fois-là, les chutes n’eurent pas de fâcheuses conséquences, des chiens ont parfois provoqué le pire. En 1984, le Portugais Joaquim Agostinho perdit la vie après avoir percuté un animal. Récemment, Thierry Gouvenou, le directeur technique du Tour de France, s’est exprimé sur le sujet dans les colonnes du Parisien. “Même tenus en laisse, les chiens peuvent être extrêmement dangereux au passage des coureurs, dit-il. Il ne faudrait jamais venir avec un animal. Le bruit et l’excitation des gens peuvent les rendre très nerveux et même un chien très calme quelques instants plus tôt peut devenir irrationnel face au peloton.”

Un cheval, des vaches, des moutons et… une antilope

D’autres animaux ont aussi provoqué des chutes. Lors du Dauphiné 2011, deux vaches avaient foncé sur Mikel Landa, qui s’était relevé avec une fracture de la clavicule. Onze ans plus tôt, Erik Zabel avait été… poursuivi par un poney durant Gand-Wevelgem. Demi Vollering a, elle, croisé la route d’un cheval cette année aux Strade Bianche. Heureusement, il ne quitta pas sa trajectoire et elle put continuer la sienne sans problème. Pour leur part, les coureurs présents à la Vuelta en 2020 eurent la surprise de voir quelques poneys leur barrer la route. Ils durent faire un grand virage pour les éviter. La même mésaventure eut lieu durant l’Antwerp Port Epic quand des moutons décidèrent de traverser un chemin empierré. Heureusement, sans casse.

On se souvient également que, l’an dernier, aux championnats du monde, des… oiseaux avaient attaqué des coureurs et, notamment, Bauke Mollema qui était en plein contre-la-montre.

Enfin, un mountainbiker sud-africain a avoué avoir eu la peur de sa vie en 2011 lorsqu’en pleine course, il se retrouva au sol après l’attaque violente d’une antilope. Les images, spectaculaires, prises par un de ses équipiers, avaient fait le tour du monde.

Espérons que ce genre de mésaventure n’arrivera plus d’ici l’arrivée à Rome, le dimanche 28 mai.