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Axel Witsel n’est plus Diable rouge : retour sur la carrière d’un métronome

Il avait fait de l’Euro 2024 un objectif pour tirer le rideau avec les Diables rouges. Il a dû avancer sa sortie d’un an, raccompagné par Domenico Tedesco. Le nouveau sélectionneur n’avait pas convoqué le médian lors du rassemblement de mars, et cela a surpris le joueur. Si le technicien allemand avait laissé la porte ouverte, il a vu, après les matchs en Suède et en Allemagne, que la nouvelle génération, incarnée par Amadou Onana et Roméo Lavia, avait des arguments.

Lucide, Witsel aussi l’a vu et il a peut-être compris que revenir dans le circuit ne serait pas simple. Au terme d’une saison, en club, où il joue un peu plus mais où il n’a pas toujours eu le premier rôle, le Liégeois a dû intégrer plusieurs paramètres dans sa réflexion. Finalement, l’histoire retiendra qu’il a disputé son dernier match pour la Belgique, et son dernier grand tournoi, au Qatar.

Le premier joueur inscrit sur la feuille

Quand Marc Wilmots puis Roberto Martinez ont été les sélectionneurs, Axel Witsel était le premier joueur inscrit sur la feuille de match. Si cela a été une évidence pendant des années, de 2012 à 2016 au moins, le vent de la contestation a commencé à souffler, ensuite, quand Sven Kums d’abord, Radja Nainggolan, surtout, ont été poussés, en coulisses ou par l’opinion publique, pour prendre la place.

Le Gantois était Soulier d’or, il jouait vers l’avant, l’Anversois était une sorte de chien fou, qui courait partout et frappait de loin. Les deux joueurs faisaient, selon certains, tout ce que Witsel ne faisait pas : jouer vers l’avant, donner un tempo et frapper de loin. Et pourtant, Witsel a toujours été titulaire, soutenu par Wilmots et Martinez.

Axel Witsel était un joueur essentiel pour l’équilibre de l’équipe nationale, surtout quand elle est passée à trois défenseurs. Son travail de l’ombre a souvent été diminué, parce que la position veut cela et que l’ancien joueur du Standard n’a jamais été d’un naturel spectaculaire, à l’exception de sa bicyclette contre Gibraltar, un soir d’août 2017 à Sclessin, comme un symbole.

Belgium's Axel Witsel and Belgium's Eden and Thorgan Hazard pictured after a draw result 0-0 meaning the elimination in the group phase at a soccer game between Belgium's national team the Red Devils and Croatia, the third and last game in Group F of the FIFA 2022 World Cup in Al Rayyan, State of Qatar on Thursday 01 December 2022. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR
Axel Witsel a joué son dernier match contre la Croatie, au Qatar, lors de la Coupe du monde.

De 2011 à 2018, il n’a manqué que dix matchs

Il a marqué douze buts pour la sélection belge, et son premier lors de son premier match avec les Diables rouges, contre le Maroc. Il y avait pire comme entrée en matière, malgré la défaite (1-4). Depuis ce 26 mars 2008, Chaloupe, comme il était surnommé, a été un acteur incontournable de la vie de la sélection.

S’il y a eu les joies, et la qualification pour la Coupe du monde 2014 comme premier grand moment, il y avait eu l’une ou l’autre peine, aussi, avant le grand voyage brésilien, et ce penalty manqué contre la Turquie, sur la route de l’Euro 2012. Witsel avait pris ses responsabilités, quand Timmy Simons, l’habituel tireur, s’était plaint d’une douleur au mollet pour passer son tour.

Il avait su surmonter l’échec, pour mieux rebondir et enchaîner une série de 27 matchs de suite après la Coupe du monde au Brésil. Il y avait eu la déception de l’Euro 2016 et un changement de sélectionneur au cœur de cette séquence, qui en suivait une autre : 33 titularisations, quasiment sans discontinuer, entre 2012 et 2014. Entre 2011 et 2018, il n’a manqué que 10 matchs, sur 96 possibles.

Brussels , Belgium October , 15/2013 Football FIFA World CUP Brazil 2014 qualification round King Baudouin stadium Belgium vs Wales On this picture : Marc Wilmots / Axel Witsel © Reporters / Michel Gouverneur
Marc Wilmots puis Roberto Martinez avaient fait de lui un joueur essentiel pour l’équilibre de l’équipe. ©© Reporters Press Agency M.Gouv

Après 2018, les blessures et des critiques plus dures

Cela rappelle que Witsel a rarement été blessé, et rarement installé sur le banc quand cela comptait. Après la Coupe du monde 2018, le temps a commencé à se gâter, les blessures ont été plus nombreuses, avec notamment la rupture du tendon d’Achille, à quelques mois de l’Euro 2020, joué en 2021. La course contre la montre réussie par le médian, pour être au rendez-vous, a prouvé son sens du devoir, et sa volonté de faire le nécessaire pour toujours venir en sélection et y tenir sa place.

Mais ces défauts étaient de plus en plus pointés du doigt, et ses qualités moins souvent mises en avant. Il n’a jamais voulu avoir un mauvais mot, car comme il le répétait souvent : “Quand tu fais ce métier, si tu ne peux pas accepter la critique, tu dois changer de boulot.” La critique le touchait, tout de même, mais il ne voulait pas le montrer, endurci par l’épisode Wasilewski.

Le compteur d’Axel Witsel en sélection s’est donc arrêté à 130 caps. Il a conclu son message en souhaitant bonne chance à la nouvelle génération, et ce ne sont pas des mots en l’air. Witsel, qui suit des cours d’entraîneur, regardera avec attention l’évolution de la sélection. Dans l’ombre, comme son rôle sur le terrain le nécessitait.