Maroc

Gaspillage d’eau : Les autorités de Casablanca serrent la vis

La métropole casablancaise rationalise sa consommation d’eau en adoptant des mesures drastiques contre le gaspillage d’eau. Une batterie d’actions a ainsi été prise avec notamment la fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures durant les trois premiers jours de la semaine. Les détails.

Face à la problématique du stress hydrique que connaît le Maroc, les autorités mènent une campagne de restrictions contre le gaspillage de l’eau. A Casablanca, la wilaya est passée à l’acte avec un arrêté (daté du 23 janvier 2024) pour l’application de la réduction du débit d’eau dans le réseau afin d’arriver à rationaliser l’utilisation de cette ressource vitale. Et ce n’est pas tout. Les stations de lavage de voitures seront interdites d’exercice chaque lundi, mardi et mercredi.
De même, l’utilisation de l’eau potable dans leurs activités est bannie. Ces restrictions concernent aussi les hammams. Ces derniers seront fermés durant les trois premiers jours de la semaine.

Dans ce sens, les autorités appellent les propriétaires des stations de lavage de voitures et des hammams à adopter des techniques moins consommatrices d’eau dans l’exercice de leurs activités. Ces restrictions s’appliqueront aussi aux travaux de nettoyage des rues puisque l’usage d’eau est désormais interdit. La liste des restrictions couvre aussi l’implantation du gazon aussi bien par les administrations que par le privé. Les pépinières et les entreprises spécialisées seront avisées de cette décision qu’elles devront appliquer sous peine de sanctions.
L’arrosage des espaces publics et des stades avec l’eau potable et l’eau des puits est aussi inclus dans cette liste d’interdictions. Par ailleurs, le remplissage des piscines publiques et privées ne sera effectué qu’une fois par an avec l’obligation d’équiper les piscines avec des systèmes de réutilisation d’eau. Dans ce schéma, les autorités appellent à lutter contre les différentes opérations illégales d’extraction et d’exploitation d’eau des puits et des canaux appartenant au réseau de distribution d’eau.
Dans cette perspective, des campagnes de sensibilisation seront menées par les autorités publiques, les sociétés de distribution d’eau et la société civile afin d’économiser l’eau potable et protéger les ressources hydriques aussi bien auprès des grands consommateurs que des ménages. Cet arrêté qui s’appliquera jusqu’à l’amélioration du niveau des ressources hydriques, appelle également à accélérer l’ensemble des programmes et des investissements visant à réhabiliter le réseau d’eau potable afin de limiter la déperdition d’eau.

Etat des lieux
Il faut dire que le Royaume connaît actuellement une baisse consécutive du niveau des barrages. Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation dont la hausse de températures et la faible pluviométrie. Selon les indicateurs dévoilés le 24 janvier 2024 par le ministère de l’équipement et de l’eau sur la situation des ressources hydriques dans le pays, une baisse de 70% a été enregistrée au niveau des neuf bassins hydrauliques du pays dans la période allant du 1er septembre 2023 au 22 janvier 2024 par rapport à la même période de l’année d’avant.
Le niveau des ressources en eau dans les barrages relevant de ces bassins s’élève à 646 millions m3 (du 1er septembre 2023 au 22 janvier 2024). Quant au volume dans les barrages, il atteint jusqu’au 23 janvier 2024 près de 3,73 milliards m3. Ce qui représente un niveau de remplissage de 23,2% contre 31,7% à la même date de l’année dernière, en baisse de 8,5 points.
Par bassin, le niveau de remplissage des barrages atteint 38,9% au Loukous, 35,8% à Sebou, 48,5% à Tensift, 24,3% à Melouiya, 26,7% à Guir-Ziz-Rhéris, 20,8% à Draâ-Oued Noun et Bouregreg, 11,4% à Souss-Massa, 4,8% à Oum Rabii. En termes d’infrastructures, le Maroc dispose à ce jour de 153 grands barrages avec une capacité de 20 milliards m3, 141 petits et moyens barrages, 15 stations de dessalement de l’eau de mer (avec une capacité de production de 192 millions m3) et 17 ouvrages de réutilisation d’eau. Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable, le pays atteint un niveau de 98,6 % dans le milieu rural.

Plan d’urgence
La problématique de l’eau est actuellement au sommet des priorités. Pas plus tard que le 16 janvier, SM le Roi Mohammed VI avait présidé une séance de travail dédiée à cette question cruciale de l’eau. Lors de cette séance, un plan d’action d’urgence a été présenté par Nizar Baraka, ministre de l’équipement et de l’eau. Ce plan d’urgence a été élaboré par les départements compétents afin de faire face à la situation actuelle et assurer l’approvisionnement en eau potable, particulièrement dans les villes, centres et localités déficitaires ou susceptibles de l’être. Il est décliné au niveau des différents systèmes hydrauliques du Royaume et prévoit une diversité de mesures comprenant, à court terme, la mobilisation optimale des ressources au niveau des barrages, des forages et des stations de dessalement existantes, la réalisation d’équipements urgents d’adduction et d’approvisionnement de l’eau, et là où la situation l’exige, des mesures éventuelles de restriction de l’eau d’irrigation ou des débits de distribution. Parallèlement, il sera procédé à l’accélération des chantiers programmés ayant un impact à moyen terme, en particulier les barrages en cours d’exécution, l’interconnexion entre les bassins du Sebou, du Bouregreg et d’Oum Rabia, le programme national des stations de dessalement de l’eau de mer, le programme de réutilisation des eaux usées épurées, le programme de l’économie de l’eau au niveau des réseaux d’adduction et de distribution de l’eau potable et d’irrigation. Lors de cette réunion, Sa Majesté le Roi avait exhorté les départements et organismes concernés à redoubler de vigilance et d’effort pour relever le défi de la sécurité hydrique et assurer l’approvisionnement en eau potable à l’échelle de toutes les localités du Royaume.