Maroc

Eau, la panne sèche menace

Le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas actuellement 23,5 %, contre 31 % à la même période de l’année dernière, soit un recul de 7 %

Ressources hydriques: La situation devient critique concernant les ressources en eau au Maroc. Frappé de plein fouet par des vagues successives de sécheresse, le pays compte accélérer les projets et les mesures pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable et sécuriser les ressources pour l’irrigation. Eclairages.

La sécheresse guette encore le pays. Les chiffres concernant les pluies et les retenues des barrages sont particulièrement inquiétants. Il faut dire que les mesures prises par le gouvernement ont jusqu’ici limité l’impact de la situation hydrique «difficile» actuelle que connaît le Maroc à cause de la succession des vagues de sècheresse ayant touché les réserves des barrages. C’est ce qui ressort des dernières déclarations du ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka.

Lors d’un point de presse conjoint avec le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, à l’issue du Conseil de gouvernement, M. Baraka a indiqué que «nous sommes dans une phase critique après trois années de sécheresse successives», précisant que les précipitations durant les trois derniers mois n’ont pas dépassé la moyenne de 21mm, soit une régression de 67 % par rapport au volume des précipitations durant la même période d’une année normale. Il a, en outre, souligné que les températures étaient élevées, ce qui a également affecté le niveau d’évaporation et l’état des barrages, puisque les entrées d’eau au niveau des barrages au cours des trois derniers mois n’ont pas dépassé 519 millions de m3, alors que la même période de l’année dernière a enregistré l’entrée de 1,5 milliard de m3, soit une baisse de deux tiers.

A cet égard, le ministre a fait savoir que les entrées d’eau aux barrages ont considérablement diminué, notamment au Loukous (la moyenne annuelle est de 282 millions de m3, contre 23 millions de m3 cette année), à Moulouya (311 millions de m3 l’année dernière, contre 121 millions de m3 pour l’année en cours), Sebou (758 millions de m3, contre 90 millions de m3 cette année), Bouregreg (147 millions de m3, contre 14 millions de m3 cette année), Oum Rabia (694 millions de m3, contre 195 millions de m3), et Tensift (890 millions de m3, contre 141 millions de m3). Cette situation, a-t-il expliqué, a affecté le taux de remplissage des barrages, qui ne dépasse pas actuellement 23,5 %, contre 31 % à la même période de l’année dernière, soit un recul de 7 %.

Les entrées d’eau aux barrages ont considérablement diminué, notamment au Loukous. (D.R)

Mesures

M. Baraka a, par la même occasion, mis en avant les mesures prises pour limiter l’impact de cette situation, notamment la connexion d’eau entre Sebou et Bouregreg, ainsi que l’accélération du rythme de réalisation des projets relatifs aux stations de dessalement de l’eau de mer, notant que le choix est désormais orienté vers l’utilisation des énergies renouvelables au niveau de ces stations avec un objectif de réduire le coût aussi bien pour l’eau potable que pour l’eau d’irrigation. Ces mesures comprennent également la poursuite de l’opération de fermeture des puits illégaux, la réduction de la pression et le recours à «des coupures d’eau si nécessaire, qui seront opérées au niveau local, en fonction de l’évolution de la situation au niveau de chaque commune ou ville», relevant que les comités régionaux prendront toutes les mesures nécessaires pour garantir la rationalisation de la demande en eau et la bonne utilisation des ressources disponibles. M. Baraka a, par ailleurs, indiqué que la responsabilité du gouvernement est d’être proactif et de lancer une alerte précoce afin de permettre la prise des mesures nécessaires concernant l’offre et la demande, lesquelles connaissent un problème lié à la rationalisation de l’utilisation de l’eau, notamment en améliorant l’efficacité hydrique tout en limitant son gaspillage. Actuellement, la priorité est d’assurer l’approvisionnement de la population en eau potable et des agriculteurs en eau nécessaire à l’irrigation afin d’assurer la sécurité alimentaire et l’approvisionnement des marchés en produits agricoles, a-t-il conclu.

Les mesures prises par le gouvernement ont jusqu’ici limité l’impact de la situation hydrique «difficile» actuelle que connait le Maroc à cause de la succession des vagues de sècheresse. (D.R)

PNAEPI

En vue de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et sauvegarder l’irrigation, notamment des grands périmètres hydrauliques, le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 2020-2027) a été préparé suite aux Hautes Orientations Royales. En mai dernier, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait présidé au Palais Royal de Rabat une séance de travail consacrée au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI).

Cette réunion s’inscrit dans le cadre de l’intérêt et de la Haute sollicitude qu’accorde Sa Majesté le Roi à la question stratégique de l’eau, qui a été notamment l’objet d’importantes Orientations Royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement en octobre dernier et de trois séances de travail présidées par le Souverain. Lors de cette séance, le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a présenté un exposé devant le Souverain, portant sur la situation hydrique et sur l’état d’avancement de la mise en œuvre des différentes composantes de ce Programme. Ainsi, conformément aux Hautes Instructions Royales visant à accélérer ce Programme et à en actualiser la consistance, un investissement supplémentaire important lui a été consenti, portant son budget global à 143 milliards de dirhams.

Il a été notamment souligné dans ce cadre l’accélération du projet d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km; la programmation de nouveaux barrages et l’actualisation des coûts d’une vingtaine de barrages prévus, permettant ainsi d’augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards de m3 d’eau douce ; l’accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles, à travers la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer et l’augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées ; et le renforcement de l’approvisionnement en eau potable du monde rural, en élargissant la couverture à plus de douars et en renforçant les moyens logistiques et humains mobilisés.

C’est le titre de la boite

Stress hydrique

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Projections. La région méditerranéenne connaîtra à l’horizon 2050, selon les données disponibles, une baisse comprise entre 20 à 30%. Le changement climatique est une réalité dont souffrent plusieurs pays, y compris le Maroc. Néanmoins, le Royaume dispose d’une importante infrastructure en matière de barrages garantissant l’approvisionnement en eau pendant trois années consécutives, ainsi que des stations de traitement d’eau potable, sans négliger les réalisations relatives aux aspects législatif et institutionnel.

Dans ce même contexte, la feuille de route tracée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI repose notamment sur l’accélération de la mise en œuvre des projets inscrits dans le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, l’achèvement de la construction des barrages programmés, la mise en place d’interconnexions hydrauliques et la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer, le lancement d’initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et aux technologies nouvelles dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées et la mise à jour des stratégies sectorielles en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau, ainsi que sur leur évolution future.

Etat des lieux

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Evaporation

Les températures étaient élevées, ce qui a également affecté le niveau d’évaporation et l’état des barrages, puisque les entrées d’eau au niveau des barrages au cours des trois derniers mois n’ont pas dépassé 519 millions de m3.

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Entrées

Les entrées d’eau aux barrages ont considérablement diminué, notamment au Loukous (la moyenne annuelle est de 282 millions de m3, contre 23 millions de m3 cette année), à Moulouya (311 millions de m3 l’année dernière, contre 121 millions de m3pour l’année en cours), Sebou (758 millions de m3, contre 90 millions de m3 cette année).

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Stations de dessalement

Le choix est désormais orienté vers l’utilisation des énergies renouvelables au niveau des stations de dessalement avec un objectif de réduire le coût aussi bien pour l’eau potable que pour l’eau d’irrigation.