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Sous-payés, les médecins du service public britannique rejoignent à leur tour le cortège des grévistes

Malgré un quotidien perturbé, les Britanniques demeurent solidaires des grèves

L’inflation britannique se situe entre 9 % et 11,1 % depuis avril 2022, selon le Bureau national des statistiques. Un coup terrible pour les employés de la fonction publique britannique, dont les salaires ont été gelés par le gouvernement conservateur entre 2010 et 2013, avant d’être limité à une hausse annuelle de 1 % jusqu’à 2018. D’où la généralisation de leurs revendications salariales depuis cet automne. Ce mercredi 15 mars, jour de l’annonce du budget gouvernemental pour l’année à venir, le pays sera bloqué par la grève de 100 000 employés de ministères, de dizaines de milliers de professeurs, de conducteurs du métro londoniens, de journalistes des bureaux régionaux de la BBC, en plus de la poursuite pour le troisième et dernier jour consécutif du mouvement des médecins internes.

Royaume-Uni: « Les travailleurs peinent à se faire entendre aussi efficacement qu’avant »

Un médecin débutant est payé 26,1% de moins qu’en 2008

Le système de santé publique (NHS) est particulièrement affecté. BMA, le principal syndicat national des médecins, a calculé qu’un médecin débutant aujourd’hui est payé 26,1 % de moins qu’en 2008, en prenant en compte l’inflation. Aujourd’hui, son salaire horaire s’élève à 15,62 euros, soit le tarif proposé à certaines catégories d’employés de la chaîne de café à emporter Pret A Manger. Le gouvernement refuse pourtant d’accorder une hausse de salaire supérieure à 5 %.

Les infirmières britanniques sont à bout, elles aussi.

Alors que le soleil fait enfin une apparition, une dizaine d’internes sautent en criant : “Claps Don’t Pay The Bills” (les applaudissements ne paient pas les factures), en référence aux séances d’applaudissements organisées tous les jeudis au début de l’épidémie de Covid-19 à l’attention des travailleurs du NHS. “Nous avons travaillé dur pendant la pandémie, nombres d’entre nous sont morts parce qu’ils soignaient les malades, et aujourd’hui le gouvernement nous regarde de haut”, explique un médecin de 33 ans. “Il ne faut pas s’étonner si la moitié des médecins internes quittent le NHS avant la fin de leur seconde année. Ils partent dans le privé, à l’étranger ou reprennent leurs études.”

Malgré son engagement, ce médecin refuse de donner son prénom, alors que certains refusent tout simplement de témoigner, en raison de la couverture très biaisée des médias britanniques, globalement défavorables à la grève. Et ce même si la population continue très majoritairement à soutenir les grévistes et leurs revendications, selon les sondages les plus récents. Comme le rappellent les nombreux klaxons d’encouragement des automobilistes et des chauffeurs de bus qui passent devant l’hôpital, accueillis à chaque fois avec enthousiasme par les jeunes médecins.