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Qui est Matthew Kacsmaryk, le juge à l’origine de la suspension de la pilule abortive aux États-Unis?

Un juge fédéral suspend la pilule abortive aux Etats-Unis, Biden se dit prêt à « combattre » cette décision

Cette décision n’est pourtant pas étonnante lorsque l’on se penche le profil de son auteur. En effet, Matthew Kacsmaryk est un fervent conservateur qui a fait de la restriction de l’accès à l’avortement son cheval de bataille. Il a été nommé comme juge fédéral en 2017 par Donald Trump, lors de son mandat présidentiel. Les démocrates le qualifient de « fou dangereux » alors que les conservateurs l’adorent. Pour forger sa réputation, l’homme de 45 ans avait fustigé les adultes en les accusant de faire passer « leurs désirs érotiques » avant « le sort des fœtus ». The Guardian rapporte également que dans ses premiers ouvrages, Matthew Kacsmaryk affirmait que « les relations homosexuelles sont ‘désordonnées’ et ‘contraires à la loi naturelle' ».

Sa désignation en tant que juge fédéral a suscité de nombreuses indignations. Beaucoup considèrent que ses convictions personnelles ont été un argument important pour sa nomination. Ainsi, il transcrit dans la loi ce pour quoi il a été choisi. Ce manque d’impartialité lui a d’ailleurs été reproché par les démocrates du Sénat qui l’accusaient de ne pas séparer ses convictions personnelles et ses décisions de justice. Ainsi, le sénateur Chuck Schumer lui a reproché de manifester « une hostilité envers la communauté LGBTQ qui frôle la paranoïa ». De son côté, le juge Kacsmaryk nie évidemment toute partialité dans ses jugements.

Il nait en Floride en 1977, mais il grandira au Texas. Son rêve était alors de travailler pour la CIA, les services secrets américains, rapporte le New York Times. Il fera des études de droit et deviendra procureur à la fin des années 2000.

Avant d’être nommé juge, Matthew Kacsmaryk a travaillé comme juriste auprès du First Liberty Institute. Il s’agit d’une organisation chrétienne conservatrice qui lutte notamment contre le droit à l’avortement et qui propose des services d’hébergement et d’adoption aux femmes enceintes comme alternative à celui-ci. Le fait qu’il ait choisi le week-end de Pâques et en particulier le jour du Vendredi Saint pour rendre sa décision peut difficilement être vu comme un hasard. Les médias américains rapportent que son engagement pro-vie aurait commencé après un drame personnel, la naissance de son premier enfant qui était mort-né. Mais ses intimes convictions sont dues à son éducation catholique et à son cadre familial. Il est également venu en aide à sa sœur Jennifer Griffith, lorsque celle-ci, alors âgée de 17 ans, a donné naissance à un enfant, qui a ensuite été placé à l’adoption. Elle s’est d’ailleurs exprimée sur la polémique actuelle et a affirmé que son frère était la personne idéale pour trancher le dossier. « Il est fait pour ça », a-t-elle confié au Washington Post.