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Qui est à l’origine des fuites des documents secrets américains? Les dernières révélations

D’après le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) John Kirby, le président américain Joe Biden a été informé des fuites seulement la semaine dernière. Depuis, les Etats-Unis s’efforcent d’effacer toutes les traces.

Que révèlent les fuites?

Mais que nous apprennent ces documents? Tout une série de choses, avec de nouvelles informations qui tombent petit à petit. La dernière en date est relayée par la BBC et révèle que des unités spéciales de pays occidentaux sont présentes en Ukraine. Ainsi, le Royaume-Uni serait le pays qui compte le plus d’unités spéciales en Ukraine, avec 50 unités. La Lettonie suit avec 17. La France en a 15, les États-Unis 14 et les Pays-Bas 11. Selon la BBC, le document classifié montre aussi l’ambivalence de la Serbie, qui a refusé de voter des sanctions contre la Russie mais qui à l’inverse aurait l’intention de fournir des armes supplémentaires à Kiev à l’avenir.

Autre révélation récente: l’implication potentielle de l’Egypte dans le conflit, à la faveur des Russes. Ce document indiquerait que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ordonné la production de 40.000 roquettes devant être livrées à la Russie, sommant des responsables de garder un tel projet secret « pour éviter des problèmes avec l’Occident ».

D’autres documents ont révélé que le renseignement américain émettait des doutes sur une potentielle contre-offensive ukrainienne qui ne pourrait obtenir que de « modestes gains territoriaux » face aux forces russes. D’après ces fuites, les troupes ukrainiennes, renforcées notamment par les chars de combat et l’artillerie à longue portée des Occidentaux, souhaiteraen lancer une contre-offensive face aux troupes russes au printemps. Mais de « robustes défenses russes » et « des déficiences persistantes ukrainiennes dans la formation et les réserves de munitions vont probablement mettre à rude épreuve tout progrès et aggraver les pertes durant l’offensive », précise le document.

Parmi les autres révélations connues, un possible espionnage de la part des Américains du président ukrainien Volodimir Zelensky, qui aurait proposé des attaques de drones sur des sites de l’armée russe dans la région de Rostov lors d’une consultation avec les dirigeants de l’armée à la fin du mois de février.

Tout est-il vrai?

Il faut bien entendu rester très prudent par rapport aux informations transmises par ces documents qui ont fuité. Selon le Washington Post, citant des responsables américains, certains semblent avoir été falsifiés. Mais la plupart correspondent aux rapports de la CIA qui circulent à la Maison Blanche, au Pentagone ou encore au département d’Etat, avance cette même source.

Toujours est-il que, du côté des autorités américaines, on tente de rassurer les alliés. Ainsi, par rapport aux fuites sur l’Ukraine, le secrétaire d’Etat Antony Blinken a dit avoir parlé avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba pour lui signaler « le soutien continue » des Etats-Unis.

En ce qui concerne les révélations sur l’Egypte, on a tout simplement apporté un démenti. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a ainsi précisé n’avoir « aucune indication que l’Egypte fournisse un armement létal à la Russie ». « L’Egypte est et reste un important partenaire sur les questions de sécurité » et « l’armée américaine entretient une relation de défense de longue date avec l’Egypte », a-t-il encore indiqué.

En ce qui concerne l’espionnage du président Zelensky, l’Ukraine elle-même a mis en doute cette possibilité. Le conseiller présidentiel Mykhailo Podoliak a ainsi déclaré à la télévision ukrainienne que les consultations entre le chef de l’État et les militaires avaient été menées différemment de la manière dont elles étaient décrites dans les documents publiés par les services de renseignement.

Enfin, Séoul est elle aussi concernée par ces fuites. Un document qui a fuité a ainsi mis en évidence les discussions gouvernementales en Corée du Sud sur la possibilité de fournir des obus d’artillerie américains à l’Ukraine. Mais une telle éventualité constituerait une violation de la politique de Séoul, qui consiste à ne vendre aucune arme aux pays en guerre. Cette sortie a donc entraîné un embarras diplomatique mais les autorités coréennes ont réagi et indiqué qu’un « nombre significatif » des documents classifiés des renseignements américains sur la Corée du Sud ont été « falsifiés ».

Qui est à l’origine de la fuite?

La question à présent sur toutes les lèvres est la suivante: comment ces documents ont-ils bien pu fuiter? Le responsable n’a pas encore été identifié mais comme le relaie Het Laatste Nieuws, Javed Ali, ancien haut responsable américain qui occupait un poste de renseignement au FBI, a donné une piste. Il indique que des milliers de militaires ou fonctionnaires américains peuvent avoir accès à ces documents. Mais ceux-ci sont stockés dans des ordinateurs placés dans une pièce connue sous le nom de SCIF (Sensitive Compartmented Information Facilities) et très sécurisée.

Dans cette salle, il est par exemple interdit d’avoir sur soi un appareil permettant de prendre des photos/vidéos ou de faire des enregistrements. Sauf que, visiblement, une ou des personnes sont parvenues à déjouer les règles. L’enquête suit son cours pour déterminer qui est/sont l’auteur/les auteurs de ces fuites embarrassantes pour les Etats-Unis. « Parfois, lorsque des informations sensibles sont divulguées, quelqu’un fait des erreurs lors de la prise de photos et nous pouvons récupérer une empreinte digitale électronique », a espéré Christopher Meagher, le principal porte-parole du Pentagone, selon des propos relayés par HLN. Affaire à suivre…