International

En pleine crise des retraites, Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT

A la tête de la CFDT depuis 2012, le syndicaliste de 54 ans rappelle qu’il avait annoncé lors du congrès de l’organisation en juin qu’il s’en irait en cours de mandat.

« Ce n’est ni un coup de tête ni un choix dicté par l’actualité », assure-t-il au Monde, après trois mois de bras-de-fer sur la réforme des retraites, jugeant normal que la CFDT « se renouvelle », même s’il reconnaît « une période particulière ».

Malgré 12 journées d’action et les plus grosses mobilisations dans la rue depuis des décennies, la réforme des retraites n’a pas été stoppée et le Conseil constitutionnel l’a validée.

Dès la présentation de la réforme le 10 janvier avec le report de l’âge légal de départ à 64 ans, M. Berger s’était montré très offensif, prenant la tête de la contestation au sein de l’intersyndicale, en lien étroit avec son homologue de la CGT Philippe Martinez.

Même si l’exécutif a eu des relations difficiles avec le syndicaliste réformiste, des macronistes lui reprochant d’avoir « joué double jeu » en ne soutenant pas certains aspects de la réforme, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a aussitôt salué « un partenaire sérieux, exigeant, parfois coriace ».

Ce départ intervient alors que la CGT, deuxième syndicat du pays, vient elle aussi de changer de numéro un, Sophie Binet ayant succédé à Philippe Martinez le 31 mars à la surprise générale.

Les deux premiers syndicats français seront ainsi dirigés par des femmes.

Sophie Binet a salué auprès de l’AFP cette « féminisation des organisations syndicales ». « C’était prévu. C’est annoncé fin juin donc il n’y aura a priori pas d’impact au niveau de l’intersyndicale », ajoute-t-elle, d’autant que « Marylise Léon gère déjà actuellement l’intersyndicale ».

« Je ne pense pas que cela changera la donne pour l’intersyndicale car Marylise Léon est dans le même état d’esprit », a abondé Benoit Teste (FSU), saluant la « rigueur intellectuelle et morale » de M. Berger et « le fait qu’il ait engagé la CFDT dans l’unité syndicale ».

« S’essuyer les pieds »

Le nom de Marylise Léon, 46 ans, secrétaire générale adjointe depuis 2018 et négociatrice sur les sujets emploi, circulait de longue date pour succéder à M. Berger. Elle sera nommée le 21 juin lors d’un prochain bureau national jusqu’au prochain congrès de la CFDT prévu en 2026.

« Elle est capable, avec l’équipe qui sera autour d’elle, d’impulser un nouvel élan », affirme M. Berger au Monde, saluant une syndicaliste « dynamique » qui « a une compréhension du monde du travail qui est forte ».

Laurent Berger réfute aussi l’idée que son départ, en pleine crise liée à la réforme des retraites, puisse affaiblir le mouvement social, estimant que le syndicalisme « sort gagnant de cette période ». Il revendique « 31.000 adhérents en plus depuis le début de l’année » pour la centrale.

Il plaide que le combat des retraites « n’est pas fini » et appelle à nouveau à ce que les Français descendent dans la rue « de façon massive » le 1er mai, prévenant que ce qui peut « fracturer l’intersyndicale, c’est de ne pas décider ensemble ou de ne pas respecter ce qu’on a décidé ensemble ».

Il égratigne au passage un président de la République qui « s’est essuyé les pieds sur les travailleurs et les travailleuses ».

M. Berger réaffirme par ailleurs qu’il ne s’engagera pas en politique – ni en 2027, ni en 2032 -, estimant que « certains, parmi les soutiens du chef de l’Etat, ont voulu accréditer cette idée pour (lui) nuire et pour nuire à la CFDT ». Il précise n’avoir « aucun point d’atterrissage professionnel ou militant ».