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À Kostroma, les habitants sont témoins des pertes russes: “Quand cela va-t-il s’arrêter ?”

La BBC s’est intéressée à ce régiment dès le début de la guerre en Ukraine, et s’est également rendue à Kostroma pour récolter des témoignages sur cette unité d’élite. Selon les informations de nos confrères, le 331e régiment compte entre 1500 et 1700 hommes, pour la plupart originaires directement de Kostroma. Pour combattre en Ukraine, le groupe a été scindé en deux bataillons, pour un total de 1000 à 1200 soldats mobilisés. Mais il y subit apparemment de lourdes pertes, dont les autorités russes ne parlent pas vraiment.

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Les familles de Krostoma sont désespérées

Les recherches de la BBC ont permis de confirmer le décès de 39 membres du régiment russe en avril 2022. Un chiffre qui a entre-temps grimpé à 94 morts, et qui est certainement plus élevé dans la réalité. À titre de comparaison, les pertes du groupe ne s’élevaient “qu’à » 56 décès après la guerre de neuf ans entre l’Union soviétique et l’Afghanistan, selon un média local. Nos confrères britanniques ont épluché les réseaux sociaux, dont V’Kontakte – l’équivalent russe de Facebook -, pour établir la liste des victimes, et l’ont comparée aux tombes creusées dans le cimetière de Kostroma. Et les noms de soldats déclarés morts au combat correspondent à ceux écrits sur les tombes.

Des photos prises au combat montrent aussi au moins 25 chars appartenant à la 331e, identifiables à un V – souvent suivi d’un point d’exclamation et/ou d’un triangle – peint en blanc sur la carrosserie, à différents endroits du front.

(FILES) In this file photo taken on March 4, 2022, destroyed Russian armored vehicles are pictured in the city of Bucha, west of Kyiv. - Russian forces pulled back from the commuter town northwest of the capital on March 31, 2022, just over one month after President Vladimir Putin ordered his troops to invade Ukraine. A year after its liberation by Ukrainian forces, Bucha and its people are still confronted by the atrocities blamed on Russian forces during their occupation of the city. President Volodymyr Zelensky said Friday that Ukraine would "never forgive" Moscow for its occupation of Bucha, one year after Russia withdrew from the town near Kyiv leaving corpses strewn throughout deserted streets. (Photo by ARIS MESSINIS / AFP)
Des tanks russes détruits, à Boutcha. ©AFP or licensors

Dans la ville russe, les familles des hommes envoyés au front se désolent d’avoir connaissance toutes les semaines du décès de l’un des leurs. “Presque chaque jour, des photos de nos garçons sont publiées. J’en ai la chair de poule. Quand cela va-t-il s’arrêter ?”, déplore notamment un internaute. Des vidéos du cimetière où les tombes se font de plus en plus nombreuses, fleurissent sur les réseaux sociaux.

Les autorités de Kostroma semblent minimiser l’impact du conflit sur la population. Le gouverneur de la ville, Sergey Sitnikov, un proche du Kremlin, se rend de temps à autre sur le front, ou auprès des blessés à l’hôpital. Des visites souvent médiatisées, au cours desquelles il n’hésite pas à affirmer que les membres du 331e régiment sont largement soutenus par le Kremlin. Il y a six mois, lors d’une parade de l’unité d’élite, Sitnikov avait lâché cette phrase en s’adressant aux soldats mobilisés: « Je vous souhaite bonne santé, succès, accomplissement de toutes les tâches… et que vous rentriez chez vous en vie« . Une sortie difficile à avaler pour les familles de Kostroma. qui sont témoins des pertes infligées à la 331e. Ils savent également que plus la guerre dure, plus les chances de revoir les pères, maris ou frères revenir sains et saufs du front s’amenuisent.

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