France

Trafic de stupéfiants : « Le port de Marseille n’est plus épargné par les arrivées massives de cocaïne »

L’année 2022 a été « particulièrement riche » pour les douaniers de Marseille. En tête de gondole, la lutte contre les stupéfiants, avec une saisie record de 1,7 tonne de cocaïne sur le port. « Du jamais vu » relève Jean-Philippe Vigot, directeur régional des douanes de Marseille, à la tête de plus de 400 agents. Lors d’une conférence de presse, tenue ce mercredi, il est revenu sur ces quatre opérations marquantes. « Quand on arrive à identifier quatre envois sur une année, dont trois de plus de 500 kg, c’est que manifestement il y a un sujet, affirme-t-il. Marseille, et le port de Marseille en particulier, n’est plus épargnée par les arrivées massives de cocaïne. »

Pourquoi une telle augmentation des saisies de cocaïne à Marseille ?

Ces saisies majeures, c’est du jamais vu jusqu’à présent sur le port. Cela veut dire que les organisations criminelles ont vu un intérêt réel à faire entrer les produits stupéfiants, et notamment la cocaïne, par le port de Marseille. Cela rapproche Marseille des tendances que l’on peut observer dans les ports d’Europe du Nord, et du Havre en particulier pour ce qui concerne la France, où quasiment 10 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2022. Il y a un déport mécanique. A partir du moment où, à un endroit, des constatations importantes sont réalisées, les organisations criminelles ont une tendance naturelle à étudier d’autres voix d’acheminement des produits. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles nous avons pu réaliser ce type de saisies l’année dernière sur Marseille.

Est-ce qu’il y a un lien à faire avec une demande locale qui serait plus importante ?

Je ne ferais pas de corrélation. La dernière saisie significative de cocaïne dans le port de Marseille remonte à 2020. Quand on a une telle progression par rapport à un marché stupéfiant qui est globalement stable, ou légèrement à la hausse mais certainement pas dans les mêmes proportions que la progression des saisies, cela veut dire que nous avons des méthodes de travail et d’organisation qui nous permettent d’être plus efficaces sur le registre des stupéfiants. Nous avons mis en place une structure renforcée de ciblage qui nous permet, avant l’arrivée des conteneurs, de cibler les envois qui nous paraissent intéressants à contrôler. Nous avons aussi des moyens techniques et des équipes cynophiles qui nous permettent de compléter ce dispositif sur le terrain.

D’où vient la cocaïne saisie sur le port ?

La cocaïne provient des zones Amérique du Sud et Antilles. Ce sont les zones de production ou d’acheminement logistique, en direct ou avec transbordement. Évidemment on pense à la Colombie, mais il ne faut pas oublier le Venezuela qui est très pourvoyeur et le point de départ sans doute le plus important de la cocaïne. Tous ces produits qui arrivent en ligne directe des zones de production sont, au-delà des quantités, souvent extrêmement purs. Pour 1,7 tonne de cocaïne pure qui est vendue après au détail, avec découpages successifs, on est plutôt entre 5 et 6 tonnes de produits pour le consommateur final. On parle beaucoup de cocaïne mais il y a aussi de la résine de cannabis, d’autres produits stupéfiants de type GHB acheminés en fret express. Ces envois réalisés via des plateformes logistiques sont de plus en plus utilisés, et cette frontière numérique est de plus en plus un enjeu pour nous. Toutes ces tendances se confirment pour le premier trimestre 2023.