France

TikTok : Comment des vidéos de Marc Dutroux sont-elles arrivées sur le réseau social ?

Récemment, les utilisateurs de TikTok ont peut-être eu l’étrange surprise de voir Marc Dutroux débarquer dans leurs « pour toi ». Plusieurs vidéos circulent actuellement sur le réseau social, montrant le « monstre de Marcinelle » déambuler dans la cour de promenade de la prison de Nivelles, où il croupit depuis plus de 24 ans. On le voit se faire insulter par les autres détenus, faire des glissades, des étirements, mais aussi se confier à l’un d’eux au travers des barreaux de sa cellule. Bruno Dayez, l’avocat du plus célèbre prisonnier de Belgique, a accepté de répondre à 20 Minutes.

Malgré toutes les mesures de sécurité, les services pénitentiaires belges ne parviennent pas à empêcher la circulation de téléphones portables dans les prisons. Une faille qui a permis à deux détenus de la prison de Nivelles, au sud de Bruxelles, de filmer à plusieurs reprises Marc Dutroux lors de ses promenades. Dans les deux vidéos mises en ligne il y a quelques jours, on aperçoit d’abord Dutroux très énervé, tourner en rond dans la cour sous une pluie d’insultes et de projectiles. Dans la seconde, il parle calmement au détenu qui le filme depuis sa fenêtre. « Ces films sont anciens, au moins un an et demi. J’avais alerté la direction de la prison qui avait pris des sanctions contre les deux détenus qui avaient filmé mon client au mépris de son droit à l’image, un des seuls droits qui lui reste », se souvient Bruno Dayez, l’avocat de Marc Dutroux.

« Dutroux n’est pas fou »

Et lorsque le plus célèbre détenu de Belgique avait appris l’existence de ces vidéos, ça ne lui a fait ni chaud ni froid : « Le fait d’avoir été persécuté par certains de ses coreligionnaires ne l’émeut pas plus que ça », assure l’avocat. Placé à l’isolement depuis le début de son incarcération, la justice estimant que le condamné est en danger dans sa prison, Marc Dutroux s’est fait une raison : « On a considéré qu’il était plus simple de le maintenir à l’isolement strict, déplore son défenseur. A l’usure, il s’est fait à cette situation de solitude et ne tient pas à en sortir. » Néanmoins, quand l’occasion lui est donnée de s’épancher, le « monstre de Marcinelle », ne la laisse pas passer. Et la teneur de ses propos peut sembler étonnante.

« C’est pas d’être en taule qui est le pire, c’est de porter le chapeau », confie Marc Dutroux au détenu qui le filme. « Je suis à la fois mon défenseur, le défenseur de mes gosses, de ma femme et de tous ceux qui sont morts et qu’on a dit que c’est moi alors qu’en réalité, les assassins sont encore dans la nature », poursuit-il. Des allégations pour se disculper auprès des détenus, auprès de l’opinion publique ? Sans doute pas, ne serait-ce que parce qu’il ignorait être filmé. Pour maître Dayez, l’explication est ailleurs : « Dutroux n’est pas fou, il n’a aucune pathologie psychiatrique. Il paye juste cher la situation dans laquelle on l’a mis et n’a d’autre interlocuteur que lui-même. Ce qui fait qu’il est rivé de manière obsessionnelle sur les faits pour lesquels il a été condamné et qu’il soutient n’avoir pas commis. »

Et la certitude que Marc Dutroux a d’avoir été un bouc émissaire, du moins pour une partie des horreurs qui lui sont imputées, contribue à le garder en prison. « Finalement, ce dont il affirme être innocent n’a eu que peu d’impact sur sa condamnation ? En revanche, ça l’éloigne du repentir que la justice exige des condamnés. Dutroux est son propre ennemi », estime l’avocat. Un discours récurrent, une ligne de conduite qui empêchent toute éventualité de libération. Ça, et le veto systématique des psychiatres qui remettent régulièrement des rapports concluant à la dangerosité persistante de Marc Dutroux. Le détenu sexagénaire n’est donc pas près de rejoindre un monastère, coupé du monde, pour y cultiver des légumes comme il en a émis l’idée auprès de Bruno Dayez.