France

Rennes : Non-lieu prononcé après la mort de Babacar Gueye, tué par la police

Il aura fallu sept ans et demi d’instruction judiciaire pour déboucher sur un non-lieu. Mardi 9 mai, le juge d’instruction chargé de l’affaire de la mort de Babacar Gueye a prononcé un non-lieu, a fait savoir le procureur de la République Philippe Astruc. Le juge d’instruction a estimé que le policier de la brigade anticriminalité qui avait tiré sur cet homme âgé de 27 ans avait agi en état de légitime défense. Le jeune Sénégalais avait été tué dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015 dans le quartier de Maurepas, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Armée d’un couteau, la victime s’était montrée « menaçante » selon les propos des policiers présents sur les lieux. Après le dysfonctionnement du pistolet à impulsion électrique, l’un d’entre eux avait tiré à cinq reprises, tuant le jeune homme. Le policier ayant fait usage de son arme avait déclaré qu’après le premier coup de feu, « l’homme s’est relevé rapidement et il avait toujours son couteau à la main ». Avant d’ajouter : « je montais rapidement » et « l’individu montait rapidement vers nous ».

Les proches de Babacar Gueye se battent depuis ce jour pour tenter de faire entendre leur voix. Pour eux, la vie du policier n’était pas menacée par l’attitude du jeune homme. Sa famille évoque plutôt une « crise de démence » dans laquelle se trouvait Babacar. La police était intervenue dans cet immeuble du square Guy-Ropartz, alertée par des habitants. Dans l’appartement, le Sénégalais avait commencé à se scarifier les abdominaux avec un couteau, blessant au passage l’ami chez qui il passait la soirée. A l’arrivée des policiers, il était sorti du logement avec un couteau à la main. Une enquête ouverte par le parquet pour « tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique » avait été classée sans suite en juillet 2016, tout comme une enquête de l’IGPN, la police des polices.

Les expertises balistiques « compatibles » avec la version policière

L’an dernier, le procureur de la République avait requis un non-lieu dans cette affaire, estimant que le policier avait tiré en état de légitime défense. Le parquet avait relevé que l’expertise balistique « concluait notamment en la compatibilité des versions des policiers avec les données balistiques ». « C’est ce que nous plaidons depuis le début. Ce non-lieu est un soulagement pour mon client », assure Me Frédéric Birrien, avocat du policier. Ce non-lieu pourrait éteindre la procédure judiciaire, à moins que les parties civiles ne décident de faire appel. Elles ont dix jours pour le faire.