France

Prostitution dans les salons de massage : Ils taguent les trottoirs de Paris pour faire honte aux clients

« Les clients ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été prévenus. » Il faut dire qu’il est difficile de ne pas voir le tag rouge vif apposé devant l’entrée un salon de massage de la rue Brunel dans le 17e arrondissement de Paris « C’est combien ? 1.500 € d’amende. »

Ce mercredi soir, une vingtaine de militants favorables à l’abolition de la prostitution ont arpenté les rues du 17e pour apposer ce message devant les 49 salons de massage de l’arrondissement qui, selon eux, abritent en réalité un lieu de prostitution.

« Il suffit de demander le deuxième tarif »

« Les clients savent très bien ce qu’ils viennent y trouver. Des ”finitions” sexuelles. Il suffit de demander pour, en général, un supplément de 10 à 20 euros, explique Christian* bombe de peinture et pochoir à la main, c’est pourquoi nous leur rappelons que c’est illégal et la peine qu’ils encourent. »

Christian* est membre de ZéroMacho, un collectif d’hommes féministes dont le principal cheval de bataille est l’abolition de la prostitution. Fred Norbert, porte-parole de l’association explique ce combat : « En tant qu’homme, on ne veut pas parler au nom des femmes. En revanche, on peut parler des clients de la prostitution, à 99,9 % des hommes, qui sont le moteur de cette prostitution. »

Le tag rappelle la peine encourue par les clients de la prositution
Le tag rappelle la peine encourue par les clients de la prositution – R.Le Dourneuf / 20 Minutes

Aussi ZéroMacho cible depuis plusieurs années ces salons de massage, « pour la plupart asiatiques » qui ont pignon sur rue et « qui font même de la publicité » pour proposer une activité illégale. L’association en a recensé 341 dans Paris, en interrogeant les riverains mais surtout en y entrant : « Il suffit de demander le ‘‘deuxième tarif‘‘ et vous êtes fixés. »

341 salons de prostitution recensés dans Paris, 49 dans le 17e arrondissement

Et pourquoi viser le 17e arrondissement pour cette démonstration ? « La plupart de ces salons sont dans des quartiers « bourges », explique Christian, en général dans des rues annexes pour que cela reste discret. Et le 17e est celui qui en regroupe le plus. » Un symbole de plus pour l’association qui a choisi ce mercredi soir, soit sept ans jour pour jour après la promulgation de la loi Olivier-Coutelle, promulgué le 13 avril 2016, qui pénalise les clients plutôt que les travailleuses du sexe.

Pour la première fois, cette action était organisée conjointement avec des militantes de Amazones Paris, un groupe de féministes qui se déclarent elles-mêmes comme « radicales ». Pauline accompagne Christian dans l’excursion : « Ces salons sont la rencontre de l’oppression machiste, sexiste et raciste. » Pour la jeune femme de 23 ans, si ces salons continuent de vivre dans l’impunité, c’est aussi parce qu’ils exploitent des femmes asiatiques, « pour 85 % des Chinoises » venues en France dans des conditions de précarités extrêmes. « Des personnes qui intéressent peu les autorités. »

Appuyer sur la honte des clients

« Il est communément admis que le corps des femmes appartient à tout le monde, encore plus celui des femmes qui se retrouvent dans ces situations. On le voit sur les forums de clients qui en parlent comme on parle d’une marchandise. » Pourtant, Pauline reconnaît qu’il existe toujours une honte chez les clients de la prostitution, et c’est sur ce ressort que les deux associations veulent appuyer en affichant les salons et leurs clients.

Si la vingtaine de militants a réussi à quadriller tout l’arrondissement ce mercredi, les deux associations ne comptent pas s’arrêter là et prévoient d’organiser une nouvelle opération le 17 juin prochain, cette fois en pleine lumière et en collaboration avec la mairie du 17e arrondissement et la Fédération des masseurs, elle aussi victime des clients qui confondent les deux activités : « De vrais massages, effectués par des professionnels seront proposés aux passants. Pour leur montrer la différence avec la prostitution », souligne Fred Norbert.