FranceSport

Pinot complètement dégoûté après sa deuxième place sur l’étape du Giro

Celle-là, il va falloir la digérer. Thibaut Pinot n’a pas caché « une grosse, grosse déception » après avoir terminé deuxième ce vendredi à Crans-Montana, en Suisse, lors de la 13e étape du Tour d’Italie. Très offensif mais trop esseulé, le grimpeur de la Groupama-FDJ a été surpris par Einer Rubio. Le Colombien de Movistar n’a rien lâché et, plus roublard dans le final, s’est imposé avec six secondes d’avance sur le Français et 1 minute et 35 secondes sur les principaux favoris qui se sont neutralisés.

Pinot avait pourtant distancé Rubio à plusieurs reprises dans la montée finale d’une étape raccourcie. Les organisateurs avaient décidé de raboter le parcours en enlevant notamment le col du Grand-Saint-Bernard à cause du mauvais temps et de l’état de délabrement général du peloton, miné par le Covid-19 et les maladies.

« Je ne calcule pas mes efforts et ils n’ont fait que ça », a regretté le futur retraité, qui fêtera ses 33 ans le 29 mai. « C’est souvent le vainqueur qui a raison mais je suis déçu, c’était une belle occasion. » Pinot en voulait surtout au troisième coureur de l’échappée, l’Equatorien Jefferson Cepeda (EF Education), qu’il accuse de ne pas avoir pris « un seul relais ».

Maillot bleu récupéré et retour dans le Top 10

« Je ne comprends pas comment on peut espérer gagner de cette manière. Je ne voulais pas que Cepeda gagne, j’aurais mis mes tripes pour ne pas le laisser partir », a déploré Pinot qui reprend le maillot bleu de meilleur grimpeur et intègre le Top 10, à la 10e place, à 3 minutes et 13 secondes du maillot rose Geraint Thomas.

Mais c’est une maigre consolation pour cet amoureux du Giro, qui rêve de remporter une deuxième étape dans cette épreuve, après celle en 2017 à Asiago, avant de plier les gaules. A la place, il finit deuxième pour la quatrième fois de la saison déjà. Il n’a plus levé les bras depuis sa victoire d’étape sur le Tour de Suisse en juin 2022.

Echappé très tôt

Le Franc-Comtois a pourtant été le grand animateur de la journée. Mais il a gaspillé beaucoup de forces à se disputer sans arrêt avec Cepeda. Les deux hommes n’ont pas arrêté de s’attaquer mutuellement et ensuite de s’invectiver, pendant que derrière Rubio restait concentré sur son effort, sans broncher.

« Si moi je ne roule pas on fait du surplace, j’espère qu’ils vont me remercier au moins d’avoir pu jouer la victoire », a fulminé Pinot, très agité pendant l’étape et qui en voulait aussi au reste du groupe avec lequel il s’était échappé dès le pied de la Croix-de-Coeur, quelques minutes après le départ.

Je savais que je devais forcer le destin dans le premier col. Cela fait 15 jours que je ronge le frein. J’étais malade, là j’ai les jambes. Avec Bruno [Armirail, son équipier] j’ai dit : « let’s go, on y va ». Je perds le général, c’est pas grave. Huitième, septième, je m’en fous. Je voulais l’étape. »

A ses directeurs sportifs, « dans l’oreillette j’ai dit : « laissez-moi tranquille, je n’en fais qu’à ma tête. Peut-être je fais n’importe quoi, mais laissez-moi profiter » », a-t-il ajouté. Mais c’est finalement Rubio (25 ans) qui en a le plus profité en empochant le plus grand succès de sa carrière. Pinot pourra peut-être oublier son amertume lors d’une troisième semaine particulièrement montagneuse.