International

France: le président ne veut pas d’un train de sénateur pour le vote au Sénat de la réforme des retraites

« Aveu de faiblesse », « coup de force » : la gauche s’est aussitôt élevée contre ce recours et a annoncé qu’elle ne rendait pas les armes et allait abattre ses dernières cartes, à savoir le millier d’amendements qui ne pourra, certes, pas être débattu ni voté, mais qui peut être présenté par ses auteurs.

Retraites : en France, comment les contribuables financent le très avantageux régime des sénateurs

Une façon de gagner du temps… et de laisser espérer à la gauche que le texte « ne soit pas soumis au vote » avant l’échéance prévue de dimanche à minuit. « Gouverner dans la brutalité pour imposer une réforme dont les Français ne veulent pas : voilà leur unique objectif ! », a dénoncé sur Twitter la cheffe de file des députés du RN Marine Le Pen.

Le président de la République, Emmanuel Macron, n’a de son côté pas proposé de rendez-vous aux syndicats, dans sa réponse à leur lettre qui lui demandait de les recevoir en « urgence ». Il a expliqué vouloir « préserver le temps parlementaire » même si le gouvernement « est à (leur) écoute ». « Je ne sous-estime pas le mécontentement dont vous vous faites le porte-parole comme les angoisses exprimées par de nombreux Français inquiets de ne jamais avoir de retraite », a ajouté le chef de l’État, à la veille d’une nouvelle journée de manifestations.

Manifestation contre la réforme des retraites en France: les syndicats saluent une « mobilisation historique »

L’exécutif avait déjà opposé une fin de non-recevoir à leur sollicitation au cours de la semaine, Elisabeth Borne renvoyant l’intersyndicale vers son ministre du Travail Olivier Dussopt.

« Ric-rac »

Derrière cette énième passe d’armes, les regards sont déjà tournés vers la semaine prochaine, vraisemblablement décisive pour l’avenir de cette réforme phare du second mandat d’Emmanuel Macron qui prévoit le report de 62 à 64 ans de l’âge de départ en retraite.

Un groupe de sénateurs et de députés doit se réunir mercredi au sein d’une commission mixte paritaire (CMP) pour bâtir un projet de compromis entre les deux chambres qui devront ensuite voter séparément le lendemain sur ce texte. L’approbation de l’Assemblée, où le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative et où la droite est divisée, semble de plus en plus incertaine.

La Première ministre Elisabeth Borne « va avoir un choix cornélien : c’est la roulette russe » d’un vote à l’Assemblée ou « la grosse Bertha » avec l’article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote mais porte le risque d’une censure du gouvernement, a mis en garde Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs Les Républicains. Un vote positif est possible mais « ça va être ric-rac » à l’Assemblée, admet un ministre.

Pour le leader de la CGT Philippe Martinez, un recours au 49.3 serait « très grave y compris pour la démocratie » et justifierait la poursuite du mouvement.

Réforme des retraites en France: Mélenchon demande « un référendum » ou « une dissolution » de l’Assemblée

« Alarme »

Du côté des syndicats, « on tire la sonnette d’alarme. Quand des millions de personnes sont dans la rue […], quand il y a des grèves et qu’en face il n’y a rien, silence, les gens se disent ‘qu’est-ce qu’il faut faire de plus pour être entendu' », a affirmé M. Martinez. Les syndicats espèrent réussir une nouvelle journée de mobilisation samedi pour exiger le retrait du texte.

« Se faire entendre en faisant grève est parfaitement légitime. Mais prétendre vouloir mettre la France ‘à l’arrêt’, ou, pire encore, ‘à genoux’, est évidemment inadmissible », a dénoncé le représentant des petites entreprises.