France

Nord : A Pitgam, les femmes s’invitent toujours en première ligne au carnaval

Pitgam, sa mare centrale et son carnaval embaumé par les odeurs de barbecues. Comme chaque année en avril, la petite commune de 900 habitants, près de Dunkerque, dans le Nord, avait l’honneur, dimanche, de clore la saison carnavalesque, avec une tradition originale. Ici, ce sont les femmes qui se placent en première ligne de la bande. Et ce n’est pas une mince affaire quand on sait que ce défilé rituel se caractérise par un joyeux chahut où l’objectif est, justement, de faire ployer cette première ligne par une poussée collective.

Dix heures du matin, les premiers carnavaleux arrivent après une petite balade d’une demi-heure dans la campagne flamande. « Le village est totalement fermé pour le carnaval, explique Brigitte Decriem, la maire de la commune. C’est une grosse logistique car on accueille environ 6.000 personnes et les préparatifs commencent une semaine avant ».

Une première depuis trois ans

Déjà, les premiers barbecues s’installent. Les pompes à bières sont percées. Et une cinquantaine de bénévoles s’affairent à préparer les sandwichs. « On en fait à peu près 600 », précise une des travailleuses de l’ombre dans un des bars éphémères. Les derniers instants de calme se savourent. Dès l’arrivée de la bande et de la musique, tout va chavirer.

Cette année, c’est aussi celle du renouveau car, à cause du Covid-19, les festivités sont restées en suspens depuis trois ans. Alors, il faut reprendre ses marques. Une prise électrique qui saute, un ravitaillement à organiser pour les secours… Madame la maire est au four et au moulin, autre curiosité touristique du secteur, par ailleurs.

Pitgam, petit village près de Dunkerque, dans le Nord, accueille le dernier carnaval de la saison,.
Pitgam, petit village près de Dunkerque, dans le Nord, accueille le dernier carnaval de la saison,. – G. Durand

A Pitgam, il faut croire que les Brigitte sont reines. Hormis l’édile du village, c’est une autre Brigitte qui est à l’origine de ce carnaval, créé au début des années 1990. « Brigitte Dubrulle a fondé l’association Les Peirates, explique Vinciane Gauthier, sa présidente actuelle. Au départ, il y avait une centaine de carnavaleux, mais déjà, contrairement aux autres carnavals de Dunkerque, ce sont les femmes qui étaient en première ligne. »

Harengs et fromage de Bergues au dessert

Depuis, elles n’ont jamais lâché l’affaire. Et cette année, une petite nouvelle les a rejointes pour la traditionnelle avant-bande matinale. Brigitte (encore une) Courdier est la femme de l’ancien tambour-major de la bande de Pitgam. Pascal Ier -c’était son nom- et décédé en mai 2020. « C’est la première fois que je me retrouve en première ligne, jamais je ne venais le matin du temps de mon petit homme. C’était son monde à lui », avoue-t-elle, le cœur serré.

Tandis que les carnavaleux se pressent autour de la fumée des barbecues improvisés, notamment devant l’église, la musique des sonos a désormais envahi la cité. Dans l’après-midi, ce sera au tour de la bande, dirigée par un nouveau tambour-major, José, de reprendre du service pour un chahut organisé de deux heures. Et toujours des femmes en première ligne pour résister aux vagues des carnavaleux.

Pour récompenser tout ce petit monde, la maire, fidèle à son habitude, arrosera la foule avec des harengs et du fromage de Bergues. Histoire de renforcer la saveur d’un carnaval pas comme les autres.