France

Mort d’Yvan Colonna : La commission d’enquête évoque un « effacement de données » sur son agresseur

Le suspect du meurtre d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) avait fait l’objet de deux observations inquiétantes la veille de l’agression, qui n’apparaissent pas dans les données transmises par l’administration pénitentiaire, a annoncé mercredi la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, pointant un « possible effacement » de ces informations.

Le 1er mars 2022, une surveillante aurait entendu « une conversation de trois détenus dont Franck Elong Abé, où le terme « Je vais le tuer » est apparu » et elle aurait constaté que ce dernier « vidait sa cellule », selon un document transmis il y a quelques jours par le renseignement pénitentiaire à la commission d’enquête sur les « dysfonctionnements » ayant permis la mort du militant indépendantiste corse.

Or, ces deux observations sont absentes des données transmises par l’administration pénitentiaire et n’ont pas été mentionnées lors des auditions à l’Assemblée, a souligné lors d’une conférence de presse le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, président de cette commission.

Doutes et interrogations

« Nous avons les plus grandes interrogations et les plus grands doutes (…) quant à la possible tentative d’effacement de ces données » dans le logiciel de l’administration pénitentiaire, a-t-il déclaré. « Nous ne nous interdisons pas tout processus judiciaire » si cette « hypothèse » était avérée, a ajouté le député, au côté du rapporteur de la commission, Laurent Marcangeli (Horizons).

Le 2 mars 2022, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à la maison centrale d’Arles pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, avait été violemment agressé par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour « association de malfaiteurs terroriste ». Il décédait des suites de ses blessures après trois semaines de coma.

La commission des lois de l’Assemblée nationale avait procédé à plusieurs auditions sur ce drame au printemps 2022, dont celles de la cheffe de l’établissement et du directeur de l’administration pénitentiaire, mais plusieurs députés avaient ensuite réclamé une commission d’enquête, où les personnes auditionnées doivent prêter serment.

Une procédure judiciaire pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » est par ailleurs ouverte.