France

Montpellier : Si l’université de Lettres est bloquée, comment seront notés les étudiants ?

A Paul-Valéry, que les barricades tombent avant la fin de l’année universitaire semble peu probable. Depuis le 14 mars, le campus de la faculté de Lettres de Montpellier (Hérault) est bloqué, et aucun cours n’a eu lieu. Et les étudiants opposés à la Réforme des retraites l’ont annoncé : ils ne déblaieront les chaises et les tables qui bloquent l’accès aux bâtiments que quand la loi sera retirée. Ou quand le gouvernement tombera. Mais alors, comment les étudiants seront-ils notés, ce semestre ? A Paul-Valéry, cette épineuse question est au cœur d’un bras de fer entre les syndicats et la direction.

Le 11 avril dernier, lors d’un Conseil des études et de la vie universitaire (Cevu), les élus étudiants, en particulier ceux issus du Syndicat de combat universitaire (Scum) et de Solidaires Etudiants, ont défendu trois dispositifs : qu’un « 12 améliorable » soit attribué à tous les étudiants lors de la première session des examens, que la moyenne du premier semestre soit appliquée à toutes les notes de la première évaluation et, enfin que les éventuels sujets des partiels ne portent que sur les cours dispensés en présentiel.

« L’université sort du chapeau son propre 49.3 »

Malgré l’opposition de la direction à ces motions, elles ont été adoptées. Mais pour la présidence de l’université, jointe par 20 Minutes ce mercredi, elles « sont inapplicables, car elles sont illégales ». Mais « la direction de l’université n’a pas le pouvoir d’annuler ces décisions », apprend-on, auprès des services de la présidence de Paul-Valéry. La procédure, c’est la transmission de ces décisions au rectorat, qui devra s’assurer de leur conformité avec la loi. « Et comme ce n’est pas le cas, poursuit-on à la faculté, elles seront probablement transmises au tribunal administratif, qui statuera sur leur légalité. »

Anne Fraisse, la présidente de l’université Paul-Valéry, a toutefois souhaité, avant que ces procédures soient enclenchées, qu’un nouveau Cevu soit organisé, pour proposer aux élus de revenir, éventuellement, sur leurs décisions. Il aura lieu jeudi, dans une ambiance qui s’annonce tendue. « Le Scum condamne et déplore cette décision qui ne tient pas compte et méprise les premiers concernés, les étudiantes et étudiants, déplorait le syndicat, le 14 avril. La présidence, par cette décision, choisit d’entretenir le doute sur la bonne tenue des examens, et ce, malgré la date d’échéance approchant et le stress des étudiantes et étudiants grandissant. Dans un contexte où les étudiantes et étudiants (…) s’investissent actuellement dans un mouvement social massif contre une réforme passée par ordonnance, l’université sort du chapeau son propre 49.3 et ce, avec des arguments légaux servant à dissimuler des arguments idéologiques pour le moins douteux. »

« Les étudiants ne peuvent pas rester plus longtemps sans informations concrètes et constructives »

Le syndicat, qui appelle à manifester à 14 heures jeudi sur le campus, précise, par ailleurs, que les motions en faveur du « 12 améliorable » ou du report des notes du premier semestre sur le second n’ont pas été défendues « sur la naïveté d’étudiantes et étudiants voulant des diplômes gratuits, mais sur la nécessité absolue (…) de répondre aux inquiétudes des étudiants et étudiantes en y apportant des solutions concrètes, et en proposant une évaluation dont le but serait d’être juste plutôt que punitive ».

Le syndicat Des étudiant.es qui vous ressemblent, de son côté, déplore l’attitude « démissionnaire » de l’université. « Les étudiants ne peuvent pas rester plus longtemps sans informations concrètes et constructives en vue de l’arrivée de leurs partiels, qui se compte désormais en jours, voire en heures. L’annonce de la tenue d’un Cevu extraordinaire ne fait que repousser les prises de décision et donc l’information aux étudiants. Les partiels sont la semaine prochaine, mais les étudiants ne savent pas comment ils vont se dérouler. » Certains examens ont, en réalité, déjà commencé, à distance. Mais pour la plupart, on ne sait pas s’ils auront lieu, et sous quelle forme.