France

Nantes : Elles participent à la course Odysséa pour « remercier la vie d’être encore là »

« Ma grande crainte, c’était de ne jamais vivre mes 50 ans. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, et regardez, je suis là ! » Au milieu d’une marée rose qui a déferlé dans le centre-ville de Nantes ce dimanche matin, Maïré-Rose rayonne. Il y a huit ans pourtant, cette maman de deux grands enfants a évité le pire après avoir été diagnostiquée « tardivement » d’un cancer du sein qui a « bouleversé » sa vie. Alors, avant d’aller célébrer cette date importante avec ses deux sœurs, elle a décidé de les emmener à la marche de 5 km d’Odysséa, au départ du cours Saint-Pierre ce midi. « Depuis que je suis tombée malade, je viens tous les ans, poursuit-elle. En 2016, pour ma première, je peux vous dire que l’émotion était forte… »

Faisant tomber le précédent record, plus de 16.000 personnes se sont rejointes ce dimanche derrière la ligne de départ de la course solidaire contre le cancer du sein Odysséa, dont l’édition nantaise marque la première de la saison. Au milieu des participants motivés de tous profils qui sont venus se frotter aux parcours de 10 km et 5 km, en courant ou en marchant, certaines femmes vivent un moment très particulier. « Courir, c’est bon pour la santé, mais aujourd’hui, je veux surtout montrer que je suis cap’ », confie Emma, en legging noir et t-shirt rose. Il y a trois mois à peine, cette kiné est passée de « soignante à soignée », comme elle le raconte pudiquement. Après déjà deux opérations, la quinquagénaire doit commencer la radiothérapie prochainement. Et pourtant, il était inenvisageable pour cette habituée d’Odysséa de faire l’impasse cette année. « Je voulais faire la course mais je vais devoir me contenter de la marche, à cause de la fatigue. Mais j’irai jusqu’au bout. »

Le besoin de « se sentir portée »

Selon la directrice de la course, il n’est pas rare que des femmes touchées par le cancer ou l’ayant combattu décident coûte que coûte de chausser leurs baskets ce jour-là. « Dans cette grande aventure qu’est Odysséa, chacun vient vivre la sienne, explique Anne Bergougnoux. Lorsqu’on traverse la maladie, on peut être très seule, fatiguée, et avoir le besoin de se sentir soutenue. Certaines femmes s’inscrivent pour se sentir portées par toute cette énergie et cette émotion si particulières. Pour rendre un hommage aussi, ou encore de se prouver que leur corps en est capable. Il y a parfois le besoin de retrouver cette normalité, sans jamais oublier le chemin par lequel elles sont passées pour en arriver là. »

A quelques minutes du départ, Corinne serre dans ses bras une ancienne collègue de travail. Non loin des stands de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest et de la Ligue contre le cancer, cette femme souriante de 63 ans est venue « remercier la vie d’être encore là ». Celle qui n’a cependant « jamais pensé à la mort » pendant les longs mois de traitements en 2015 juge sa participation d’aujourd’hui « essentielle ». « Je pense à toutes celles qui vivent cette épreuve en ce moment, aux copines que j’ai perdues, mais je veux aussi sensibiliser à l’importance d’une bonne hygiène de vie. La randonnée, la sophrologie, la gym, je n’avais pas le temps avant le cancer. Je me rends compte aujourd’hui que ça aide énormément. »

A 77 ans, Marie-Hélène ne dira pas le contraire. Cette fan de marche nordique, qui a terminé son traitement il y a un an, enfile son dossard pour le « symbole ». « Les gens perdent leurs cheveux, sont affaiblis, mais il faut aussi dire que l’on peut s’en sortir, sourit-elle. Grâce au sport, au soutien des proches mais aussi à cette chance que nous avons d’avoir un tel système de santé. » Au-delà des messages d’espoir, toutes ces femmes sont aussi venues pour soutenir la recherche. Ce dimanche, un chèque de 151.000 euros, un nouveau record là aussi, a été remis en faveur de la lutte contre le cancer du sein.