France

Lille : Auchan mise sur les supérettes intelligentes, automatisées et sans personnel

« En trois mois, nous avons installé ce magasin à la place d’une salle de réunion », se félicite Emilie Soleri, directrice générale déléguée d’Auchan retail chargée du e-commerce. Dans ce minisupermarché « intelligent », pas de caissier ni même de caisse, pas de personnel, que des clients. Baptisé Auchan Go le lab, ce nouveau concept est la version upgradée des conteneurs Auchan minute, sortes de distributeurs automatiques géants testés avec succès sur le campus de l’Edhec, une école d’ingénieurs installée à Croix. Alors, les employés d’Auchan ont-ils du souci à se faire ?

C’est la question que l’on se posait déjà lorsque à l’époque, en 2019, Auchan retail avait installé le premier Auchan minute sur le parking de son siège, à Villeneuve d’Ascq. Deux ans plus tard, un second container était disposé sur le campus de l’Edhec. « Ça a été un succès très rapide auprès des étudiants, qui s’y retrouvaient tant en termes de prix qu’en termes de disponibilité », assure Basile Guérin, chargé de l’innovation chez Auchan retail. Mais au contraire de la Chine, pays d’où Auchan s’est retiré depuis quelques années, « il n’y a pas de stratégie de développement en France pour Auchan minute », ajoute-t-il.

« Nous n’allons pas faire des hypermarchés sur ce modèle »

Pour Auchan Go, ce n’est pas la même chanson. Le prototype qui a été présenté à la presse, mercredi, propose un millier de références sur 86 m2. Il va servir à essuyer les plâtres et collecter le plus de retours clients possible afin de l’améliorer. « Nous nous sommes fixés un an de test avant d’envisager un déploiement », reconnaît la DG déléguée. « Le but est de rendre ce concept industrialisable pour que chaque ouverture de nouveau magasin nous coûte moins cher que la précédente », ajoute Samir Amellal, directeur des systèmes d’information (DSI) du groupe. Selon Basile Guérin, la technologie mise en œuvre pour ce prototype est assez mature pour envisager des surfaces commerciales de 1.000 m2 : « Nous n’allons pas faire des hypermarchés sur ce modèle, en revanche, nous comptons utiliser cette technologie dans les magasins existants, même si l’on ne sait pas encore exactement comment », poursuit-il.

L’idée d’Auchan retail est de cibler dans un premier temps les espaces fermés, comme les entreprises ou les campus universitaires. « Avec le télétravail, il y a beaucoup de salles de réunion qui ne sont plus utilisées. Il faut envisager cela comme un service rendu aux employés », explique le monsieur innovation d’Auchan. A nuancer, tout de même, parce qu’il n’est pas question de démarcher les PME. « Ici, au siège, nous avons 2.500 collaborateurs. Je pense que c’est le volume de clients potentiel au-dessous duquel il n’est pas rentable de descendre », estime Emilie Soleri. Pour une installation en milieu ouvert, il faudra adapter le concept, et il n’est pas question de laisser l’endroit sans aucun personnel : « On n’imagine pas mettre un vigile, mais peut-être un employé qui fera du conseil, assurera un service de dépôt-retrait de colis », imagine Basile Guérin.

Bref, il y a encore beaucoup d’incertitudes sur le déploiement d’Auchan Go, même si c’est une des priorités du plan de « transformation digitale de l’entreprise » mis en place par la nouvelle direction. « En revanche, la technologie est au point, nous avons pu la mettre à l’épreuve, assure Basile Guérin. On entre dans la boutique grâce à une appli ou simplement avec sa carte bleue. D’innombrables caméras scannent notre morphologie et vectorisent nos mouvements, à l’affût de ce que l’on prend dans les gondoles équipées de balances. Rien n’échappe au système, qui détecte évidemment si vous reposez un article après l’avoir pris. On sort librement, sans scanner les articles, qui seront débités automatiquement de votre carte bancaire. Quelques minutes plus tard, on reçoit le ticket de caisse par mail. Le taux de fiabilité dépasse les 99. % » C’est bluffant, il faut le reconnaître, mais l’innovation a un prix, « entre 10 et 30 % plus cher selon les articles », assume Emilie Soleri. Le « prix du service ».