AlgérieFrance

La commission d’historiens propose de « valoriser » les tombes d’Algériens morts en France

La commission d’historiens franco-algériens, instaurée en 2022 par les présidents Abdeladjid Tebboune et Emmanuel Macron, a récemment dévoilé de nouvelles préconisations lors de sa 4ème réunion, relayées par l’AFP. Cette initiative vise à œuvrer sur la mémoire partagée des deux nations.

En effet, présidée conjointement par Benjamin Stora et le chercheur algérien Mohamed Lahcen Zighidia, la commission préconise l’apposition de plaques commémoratives dans des lieux de mémoire en France. Ces endroits, où reposent des Algériens incarcérés au début de la colonisation au XIXe siècle, devraient être honorés.

De plus, l’historien Benjamin Stora souligne que, pendant la colonisation (1830-1962), la France a interné de nombreux Algériens, cherchant ainsi à renforcer son pouvoir colonial. Des résistants ont été emprisonnés dans des bagnes, notamment à Cayenne (Guyane) ou sur l’île de Sainte-Marguerite, au large de Cannes (sud).

Les dix historiens de la commission appellent à la valorisation de ces lieux de mémoire par l’apposition de plaques commémoratives. Cette démarche devrait s’étendre à une douzaine de sites, de Toulon (sud-est) à Pau (sud-ouest), en passant par la Corse, la Nouvelle-Calédonie, ou la Guyane.

Identification des cimetières et tombes des Algériens du XIXe siècle en France

Par ailleurs, la commission s’engage à poursuivre l’identification et le recensement des cimetières, tombes, et noms des détenus algériens du XIXe siècle décédés et enterrés en France. Une démarche nécessaire pour la préservation de la mémoire historique.

Outre les plaques commémoratives, la commission réitère des propositions antérieures, dont la restitution d’archives de l’Algérie de l’époque ottomane et celle de « biens symboliques » ayant appartenu à l’émir Abdelkader. Parmi ces biens, l’épée et le Coran de l’émir, exilé entre 1848 et 1852 à Amboise (centre).

De plus, le ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, a récemment évoqué ce dossier, soulignant son caractère « sensible » et sa « haute symbolique » pour l’Algérie. Il a expliqué que la restitution de l’épée et du Burnous de l’émir Abdelkader avait été demandée dans le cadre de la visite du Président Tebboune en France, mais la France avait refusé.

L’importance de la restitution des « biens symboliques » de l’émir Abdelkader s’est avérée telle que le ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, a cité ce dossier parmi les cinq motifs du report de la visite d’État du Président Abdelmadjid Tebboune en France. La symbolique attachée à ces biens accentue la délicatesse de la situation.

Pour conclure, les historiens proposent la finalisation de la numérisation des registres des cimetières en Algérie où des Français sont enterrés. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de transparence et de préservation de l’héritage historique des deux nations.