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« Je cherche un enfant qui assume son poids et qui a du charme », avance Elie Semoun, en quête du nouveau Ducobu

Elie Semoun n’a toujours pas trouvé son prochain Ducobu. Le cinquième volet des aventures de l’élève Ducobu, l’adaptation de la célèbre bande dessinée belge créée en 1992 par Zidrou (scénario) et Godi (dessins), doit se tourner l’été prochain en Belgique. L’humoriste, qui réalisera cet opus, explique pourquoi il n’est pas si simple de trouver ce jeune cancre rondouillet et malicieux.

Comment trouve-t-on l’enfant qui jouera Ducobu ?

J’ai trouvé les autres enfants, notamment mademoiselle Gratin. C’est la première de la classe et la petite fiancée de Ducobu. Pour trouver des petites actrices, c’est plus facile. Les filles sont un peu moins bébêtes que les garçons. Pour Ducobu, je recherche un garçon qui a de l’embonpoint. Il est parfois compliqué pour un enfant de cet âge d’être rond et d’être à l’aise dans sa peau. Il peut être victime de harcèlement, de moqueries. Je cherche un enfant qui assume son poids, qui est à l’aise, malicieux, qui a du charme. Je cherche une perle. Il faut que ce soit miraculeux et ça l’a été pour les deux premiers Ducobu. Dès qu’ils sont arrivés dans le bureau, pour moi c’était une évidence. Je priais intérieurement pour qu’ils jouent bien.

En tant que réalisateur, ne peut-on pas aider l’enfant à bien jouer ?

Il faut une bonne base. On a reçu 5.000 mails pour ce film. J’ai vu plein d’enfants. A chaque fois, j’en voyais arriver qui étaient physiquement parfaits et malheureusement ça ne fonctionnait pas dès qu’ils ouvraient la bouche. Ils parlaient faux.

Comment se déroule le casting ? Vous leur faites faire une dictée ?

Non ! On leur envoie une scène du film et ils font ce qu’on appelle une tape. Ils se filment avec un parent ou un petit frère ou une petite sœur qui donne la réplique. La scène dure moins d’une minute et demie. Déjà, je vois s’il joue bien. Et après, on les fait venir en vrai. Ça se décide presque dans les premières secondes. C’est comme quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, vous ressentez des choses. A force, je crois avoir l’habitude et je peux savoir si c’est OK ou pas.

Recherchez-vous toujours le même modèle de Ducobu ou faites-vous évoluer le personnage en fonction de sa génération ? L’enfant de 2023 est-il le même que celui de 2020 ?

C’est le même Ducobu. Toutefois, je remarque qu’aujourd’hui, les enfants parlent tous avec un accent un peu « racaille », même quand ils viennent du 7e arrondissement de Paris. C’est le seul truc. Ça ne plairait pas à Eric Zemmour, c’est le grand remplacement.

Pourquoi ne pas faire évoluer les caractéristiques physiques de ce personnage ?

Je suis obligé de respecter la charte. Souvent, on me demande pourquoi je ne fais pas Ducobu au collège ou Ducobu au lycée. C’est impossible. Les personnages ne vieillissent pas, c’est comme Astérix et Obélix. Même mon personnage de Gustave Latouche ne vieillit pas. Imaginez qu’on accompagne Tintin d’un bouledogue à la place de Milou…

Dans le dernier opus, on note pas mal de références à l’actualité. Ducobu sera-t-il confiné ou accueillera-t-il des réfugiés ukrainiens dans le prochain film ?

Dans le précédent Ducobu, on fait une allusion au Covid, mais ce n’est déjà presque plus d’actualité. J’aime bien faire des choses intemporelles, comme quand je faisais Les Petites Annonces ou les sketchs avec Dieudo [Dieudonné]. Si je parle de la guerre en Ukraine, dans deux ans, c’est terminé, je l’espère. Ça va donner un coup de vieux au film. Evidemment, ce n’est pas un film des années 1950, ils ont des portables, il y a les réseaux sociaux. Dans le prochain, il y aura des influenceurs qui vont alerter le peuple sur les dangers de la pollution. Mais ce n’est pas un film d’actualité. Les personnages sont hors du temps. Mon personnage de Latouche est sorti des années 1960, ça n’existe pas des profs comme lui.

Pouvez-vous nous donner le thème du prochain film ?

On va parler d’écologie parce que cette nouvelle génération est hyper concernée par cette question. Sur le tournage, quand je fumais des clopes et que je balançais mon mégot par terre, tous les gamins me hurlaient dessus.