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Immeubles effondrés à Marseille : Où en est la situation, quatre jours après ?

Depuis dimanche, une centaine de marins-pompiers sont mobilisés rue de Tivoli à Marseille, pour rechercher les victimes de l’effondrement du numéro 17. Six corps ont déjà été extraits des décombres et deux sont toujours recherchés par les secours. 20 Minutes fait le point sur ce drame qui frappe la ville, plus de quatre ans après le traumatisme de la rue d’Aubagne.

Où en est l’enquête ?

Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire par le parquet, alors qu’au moins six personnes sont décédées et deux toujours recherchées. Si la cause exacte de l’explosion n’a pas encore été déterminée avec exactitude, les enquêteurs continuent d’explorer l’hypothèse d’un incident lié au gaz. Par ailleurs, la police judiciaire de Marseille a lancé mardi soir un appel à témoignages. Les enquêteurs recherchent des personnes qui se seraient trouvées précisément dans cette rue dans les 10 minutes précédant l’explosion.

Sur les images de vidéosurveillance que nos confrères de BFMTV se sont procurées, on peut notamment voir un passant, ce qui prouve qu’il existe au moins un témoin visuel direct de l’explosion.

Selon Dominique Laurens, seuls le rez-de-chaussée et le premier étage étaient équipés au gaz. Les deuxième et troisième étages avaient été neutralisés, et les personnes étaient passées au tout électrique. Les enquêteurs ont récupéré le compteur de l’appartement du premier étage, celui d’Antoinietta Vaccaro, pour l’analyser et déterminer s’il y a eu une consommation anormale dans les 24 heures qui ont précédé l’explosion. Selon plusieurs médias, une cuisinière électrique avait été installée depuis peu au sein de l’appartement de l’octogénaire. Interrogée sur ce point ce mardi lors de sa conférence de presse, la procureure de la République a indiqué que « si un changement a été fait, c’est qu’il avait été constaté, peut-être, des difficultés à se servir du matériel au gaz. »

Où en sont les secours ?

La centaine de marins-pompiers mobilisés en permanence sur site depuis plus de trois jours maintenant poursuivent leurs efforts. Les fouilles au niveau du numéro 17, l’immeuble d’où est parti l’explosion sont désormais terminées. Les secouristes se concentrent à présent sur les décombres du numéro 15, ont indiqué les pompiers ce mercredi midi. 

Plus de 950 mètres cubes de gravats avaient déjà pu être fouillés et évacués mardi soir. sur les huit personnes portées disparues, six corps ont déjà été retrouvés et extraits de ces décombres. Les secouristes estiment à 500 mètres cubes le volume restant de gravats dans lequel devraient se trouver les deux corps toujours recherchés. Les secouristes travaillent désormais essentiellement à la main, assistés par une pelle mécanique qui devient de moins en moins utilisable à mesure que l’essentiel des débris de gros volumes a été évacué. 

La réduction progressive du monticule de gravats a également pour conséquence d’accentuer la fragilité des murs des numéros 13 et 19 de la rue de Tivoli encadrant les décombres. Se réduisant, les débris exercent mécaniquement moins de poids sur ceux-ci, diminuant d’autant leur effet de soutènement. Un point d’attention qui ralentit le travail des pompiers. Au moindre signe de faiblesse des constructions toujours debout, les secours sont contraints d’évacuer les décombres le temps que les architectes interviennent et évaluent la situation.

Pourquoi la situation n’est pas comparable avec le drame de la rue d’Aubagne ?

Il y a quatre ans et demi, deux immeubles s’effondraient rue d’Aubagne à Marseille, tuant huit personnes. Pour autant, et si dans les mémoires collectives le parallèle est évident, ces deux situations ne sont toutefois pas comparables. Les immeubles de la rue d’Aubagne étaient connus pour leur insalubrité, une insalubrité quasi généralisée dans ce quartier, alors que le drame de la rue de Tivoli est lié à une explosion, dont la cause précise reste à identifier.

La topographie des lieux est également très différente. La rue d’Aubagne présente une pente avec un pourcentage assez élevé, là où la rue de Tivoli est plate. Aussi, les constructions rue de Tivoli n’étaient pas identifiées pour leur insalubrité. A l’inverse de la rue d’Aubagne, située dans Noailles, un quartier très populaire du centre-ville fait de ruelles étroites, le quartier du Camas connaît un dynamisme immobilier sans précédent, symbole de l’attractivité nouvelle de Marseille, avec des prix au mètre carré désormais proche des 5.000 euros, contre à peine plus de 2.500 euros à Noailles. Deux quartiers très différents, pour deux drames aux causes tout aussi peu comparables mais qui connaissent, à presque cinq ans d’intervalle, deux événements tout aussi tragiques.