Belgique

Les proches d’Ali El Haddad Asufi convaincus de son innocence

Mercredi, venus témoigner devant la cour, ses deux frères et sa sœur l’ont répété avec force : ils sont convaincus de son innocence.

Condamné à dix ans à Paris pour sa participation aux attentats du 13 novembre 2015, avec peine de sûreté des deux tiers, Ali El Haddad Asufi est déjà libérable. Craignant une peine plus lourde, il n’a pas fait appel. Dans son arrêt, la cour d’assises de Paris a estimé qu’il a participé aux Pays-Bas à la recherche d’armes pour le compte de la cellule.

Cette thèse est aujourd’hui en partie ébranlée car son cousin néerlandais, considéré comme son contact à Amsterdam, vient d’être acquitté. À la lumière de cet élément, l’avocat d’Ali El Haddad Asufi, Me Jonathan De Taye, envisage dès lors sérieusement d’introduire une demande en révision de ce procès d’assises. Me De Taye l’a souligné mercredi.

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”Ni queue, ni tête”

Les proches d’Ali El Haddad Asufi sont remontés contre le jugement de Paris. “Cette histoire n’a ni queue ni tête. C’est une injustice. Quand on connaît la personne, ce n’est pas lui. Il aime la vie. Il adore les gens”, a martelé sa sœur Lamya.

Et elle insiste : son frère n’aurait pu participer aux attentats de Bruxelles, sous peine de viser sa propre famille. “Je prends les transports en commun, tous les jours, matin, midi et soir”, a-t-elle insisté.

Ali El Haddad Asufi apparaît comme un fil rouge dans le parcours d’Ibrahim El Bakraoui, kamikaze à Zaventem. Il le connaissait depuis l’école. Il était, selon les juges d’instruction, son “homme de confiance” qui lui donnera de nombreux coups de main alors qu’il le devine recherché. Sa trace, même si elle est fugace à Max Roos, est apparue dans les deux planques d’où partiront les terroristes.

En cours d’instruction, il n’a reconnu cette présence que lorsqu’il a été confronté à des éléments matériels indiscutables. Ce qui déforce sa défense. Mais n’implique pas qu’il était au courant ou qu’il a participé aux projets terroristes.

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Le 22 mars 2016, jour des attentats à Zaventem et à Maelbeek, Ali El Haddad Asufi était à l’aéroport, où il travaillait, approvisionnant les avions en nourriture. Son service était un 06 h 30 – 14 h 30. “A 11 h 00 ou midi, on nous a libérés. Je n’avais pas dormi la nuit précédente car j’avais été dans un bar chicha. J’ai dormi”. En soirée, il a vu à la télévision qu’Ibrahim El Bakraoui était un des kamikazes.

”J’ai dit à ma famille : Je le connais”, a expliqué mercredi l’accusé. Il a contacté un ami, avec qui il travaillait à l’aéroport et qui connaissait aussi Ibrahim El Bakraoui car ils avaient fréquenté la même école. “On a essayé de comprendre. Au départ on était dans le déni. On était panique et puis on s’est rendu à l’évidence”, a-t-il poursuivi.

À l’entendre, il était déboussolé : “Je regardais les infos en boucle, jusqu’au 24”. Soit le jour où la police l’a interpellé. Ali El Haddad Asufi ne sera pas inquiété, dans un premier temps. Mais, en juin 2016, des éléments compromettants ont conduit à son inculpation et arrestation.