France

Que faire face aux poux de plus en plus résistants ?

Ils sont la bête noire des parents. A chaque retour, mère et père doivent s’astreindre au même rituel : armés d’un peigne, ils inspectent, mèche par mèche, le crâne chevelu de leur enfant à la recherche des terribles bestioles : les lentes et les poux. Ces minuscules insectes mesurant de 2 à 4 millimètres et se nourrissant exclusivement de sang humain ne sont pas dangereux et ne transmettent aucune maladie. Mais ils occasionnent des démangeaisons et leur transmission par contact direct est très rapide.

S’il existe un tas d’insecticides chimiques, de sprays, de shampoings, de lotions et d’huiles visant à éradiquer ces petites bestioles, ces dernières sont de plus en plus résistantes aux traitements. Mais pas de panique, des solutions existent.

Une mutation génétique les rendant résistants

Commercialisés à partir des années 1960, les pédiculicides, produits visant à détruire les poux, se sont d’abord révélés très efficaces contre ces derniers. Mais, coriaces, ces parasites ont fini par développer des résistances aux pyréthrinoïdes, substances chimiques utilisées dans de nombreux traitements antipoux. Une résistance de nature génétique. « On a tué tous les poux qui étaient sensibles à ces produits, explique Arezki Izri, biologiste et maître de conférences émérite à l’université Paris Nord. Les poux ont alors eu une mutation au niveau d’un gène rendant le produit inefficace. » Aujourd’hui, les poux restants sont des poux résistants.

Mais pas d’inquiétude. Ces résistances concernent seulement les insecticides chimiques, moins utilisés ces dernières années. D’autant moins à répandre sur la tête des tout-petits qu’ils donnent lieu à « des tas d’effets secondaires », selon André Paugam, médecin au service parasitologie, mycologie et médecine tropicale de l’hôpital Cochin et maître de conférences à l’université Paris Cité. « Les organophosphorés peuvent provoquer des irritations, des troubles digestifs, des crises d’asthme, voire des troubles neurologiques chez certains enfants. »

Des solutions plus ou moins efficaces

Pour éviter ces effets secondaires et contourner la résistance aux insecticides chimiques, André Paugam conseille d’utiliser certains produits à base d’huile, comme le Diméticone. Cette lotion, de la famille du silicone, fonctionne aussi bien sur les poux adultes que les lentes. Selon Arezki Izri, ces huiles sont efficaces à 100 % en laboratoire, mais perdent 10 à 30 % d’efficacité une fois versées sur la tête des enfants. Car en laboratoire, le pou est entièrement plongé dans l’huile. Cette dernière pénètre dans son système respiratoire tuant le parasite par asphyxie. Ne pouvant pas noyer entièrement les poux sur la tête des enfants comme on le fait en laboratoire, l’huile est de fait un peu moins efficace une fois utilisée à la maison.

Il existe aussi certaines huiles essentielles, moins efficaces, de l’ordre de 70 à 80 % d’efficacité en laboratoire, selon Arezki Izri, et donc encore moins dans les faits. Si les parents ont vraiment tout essayé et se rendent, désespérés, dans le cabinet d’Arezki Izri, le biologiste rappelle qu’il peut leur prescrire de l’Ivermectine. Un antiparasitaire en comprimé initialement prescrit pour lutter contre certains vers tropicaux et contre le sarcopte de la gale mais qui donne de bons résultats pour éradiquer les poux.

Les répulsifs contre les poux étant plutôt inefficaces, le médecin de l’hôpital Cochin estime que « lorsqu’une classe est atteinte, tous les enfants devraient être traités au même moment ». La meilleure prévention restant de peigner régulièrement ses enfants avec un peigne à poux afin de vérifier que ces derniers n’ont pas envahi leur chevelure. Car, on le rappelle, la moitié des enfants infectés n’ont aucun symptôme.