France

Hérault : Le « pompier-sniper » jugé pour l’assassinat de l’ex-conjoint de sa compagne

Il est 4h41, ce 14 février 2016, lorsque le téléphone de Raynald Barguet sonne. Mais le jeune homme de 23 ans dort et c’est sa compagne, Mendy, qui répond. A l’autre bout du fil, un homme qu’elle pense connaître lui demande de réveiller son conjoint. Il doit sortir urgemment de la caravane qu’elle partage avec lui depuis quelques mois, à Marseillan, dans le quartier de Maldormir, dans l’Hérault. Raynald ouvre la porte. Une détonation déchire la nuit, vite suivie d’un cri. Une balle a perforé la cage thoracique de la victime qui tente de rentrer pour se mettre à l’abri. Mais elle est fauchée par un second tir. « Ils m’ont tiré dessus », hurle la victime. Les pompiers et les médecins du Smur se rendent rapidement dans ce camp de gens du voyage. Malgré leur intervention, Raynald succombe à ses blessures à 5h45.

Les gendarmes chargés des investigations ont très vite privilégié la piste d’une vengeance familiale. Raynald Barguet avait eu un petit garçon en juin 2015 avec Coralie, une jeune femme dont il était depuis séparé. Leurs relations étaient pour le moins houleuses. L’enquête a rapidement permis d’établir que Raynald Barguet était tombé dans le piège que lui avait tendu son ex-belle mère, Valérie Andrieu, aujourd’hui âgée de 54 ans, son fils Jocelyn, 30 ans, et le nouveau compagnon de Coralie, Alexandre Petremann, 29 ans. Sept ans après les faits, tous les trois sont jugés, à compter de lundi, devant la cour d’assises de l’Hérault pour assassinat et complicité d’assassinat.

Un crime minutieusement préparé

Alexandre Petremann, un pompier de Paris, a reconnu être l’auteur des tirs. Il préparait son crime depuis au moins trois mois. Il ne voyait pas d’autre moyen, a-t-il confié en garde à vue, pour protéger sa compagne et sa belle famille que Raynald harcelait au sujet de la garde de son enfant. Il avait repéré au préalable où se situait la caravane de la victime. Puis il avait découpé le grillage autour du camp pour y rentrer facilement. Il s’était ensuite procuré des armes et s’était entraîné à tirer dans les vignes en visant des casseroles. Le recul, le bruit, la précision… Rien n’était laissé au hasard. Il avait équipé son fusil 22 long rifle d’une lunette de précision et d’un silencieux.

Cette nuit-là, il s’est approché du camp en longeant la voie ferrée et s’est positionné à une soixantaine de mètres de la caravane de la victime. Il a lancé des pierres et un cocktail molotov, espérant voir Raynald sortir de chez lui. Mais c’est un échec. Alors, il l’a appelé en utilisant un téléphone qui appartenait à Valérie Andrieu. Il est tombé sur Mendy et s’est fait passer pour un proche à qui la victime devait de l’argent. Lorsqu’il a aperçu la porte s’ouvrir, il a ouvert le feu à deux reprises. Ne sachant pas si Raynald était mort, il a vidé son chargeur sur la caravane. Puis il a ramassé les douilles et a pris la fuite. Alexandre Petremann s’est ensuite rendu.

« L’instigatrice de l’acte criminel »

 Jocelyn, le frère de sa compagne a reconnu avoir lavé ses vêtements, l’avoir aidé à enterrer ses armes et lui avoir fourni un alibi. Jocelyn a aussi admis, en garde à vue et devant le juge d’instruction, avoir eu connaissance du projet criminel d’Alexandre Petremann. Le pompier, avait-il confié, voulait « se débarrasser définitivement de Raynald Barguet ». Depuis, Jocelyn est revenu sur ses déclarations : il pensait qu’Alexandre Petremann envisageait simplement de se battre avec la victime. 

Son beau-frère a pourtant indiqué qu’il était au courant de son plan dans les moindres détails. La justice s’est d’ailleurs interrogée : a-t-il pu participer à cet assassinat ? L’auteur des tirs avait emporté deux cagoules, deux talkies-walkies, et trois armes. La reconstitution du crime « ne permettait d’exclure la participation d’une deuxième personne », écrit d’ailleurs le juge d’instruction dans son ordonnance de mise en accusation.

Le magistrat estime également que Valérie Andrieu est « l’instigatrice de l’acte criminel », bien qu’elle conteste sa participation aux faits. « Son désir de supprimer l’ancien compagnon de sa fille transpire, incontestablement, des témoignages recueillis », précise encore le juge d’instruction. Tout au long de l’enquête, elle n’a eu de cesse de marteler que Coralie avait été victime de violence de la part de son ancien compagnon, rencontrée à l’âge de 15 ans. Pourtant, aucune plainte le visant n’a été déposée. Cette femme, décrite par ses proches comme une étant une personne « menteuse », voire « machiavélique », aurait manipulé son fils Jocelyn et le compagnon de sa fille pour se venger de Raynald Barguet. Elle a participé, notamment en achetant les cagoules et les talkies-walkies. Son ADN a aussi été retrouvé sur l’arme du crime.

« Il faut que la page se tourne »

Les proches de la victime « sont impatients que le procès commence », indique à 20 Minutes leur avocat, Me Pascal Ammoura. Le père, la grand-mère et la sœur de Raynald Barguet seront présents à l’audience « pour savoir ce qui s’est passé, pour que les gens s’expliquent et que justice passe ». « Il faut que la page se tourne et la justice y participera en rendant le verdict que nous attendons impatiemment ».

Les accusés encourent 30 ans de prison. Le procès se termine vendredi 21 avril.