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« Gaston », « Blueberry »… Ces BD qui ont marqué la vie de nos lecteurs et lectrices

La dernière édition du Festival d’Angoulême a cette année encore mis en lumière des centaines d’auteurs, permettant d’attirer un public de 200.000 lecteurs. Une fréquentation qui confirme la bonne santé du secteur de la BD en librairie avec 85 millions d’exemplaires vendus en 2022, contre plus de 87 millions en 2021.

Ce 50e millésime est marqué notamment par le sacre de Riad Sattouf, Grand Prix 2023, dont l’ultime tome de sa saga à succès L’Arabe du Futur est sorti en librairie en novembre 2023. Depuis, de nombreux lecteurs se sentent orphelins de ce héros qui les a émus et fait rire depuis 2014. A cette occasion, 20 Minutes a voulu savoir quels étaient les bandes dessinées, personnages récurrents ou auteurs fétiches qui ont marqué ses lecteurs.

Avec Gaston Lagaffe, c’est la crise… de rire

Sans surprise, certains héros emblématiques de la bande dessinée humoristique continuent de donner de sourire à des lecteurs qui ne se lassent pas de tourner les pages jaunis et cornés de leur enfance. Et c’est l’employé le plus drôle de et rêveur de l’histoire de la BD qui retient particulièrement l’attention. « J’ai adoré et j’adore toujours Gaston Lagaffe, explique Sylvie, 63 ans, que de fous rires pendant mes lectures… Je relis plusieurs fois de suite les pages qui me font exploser de rire à chaque fois… Rire à pleurer ! »

Un sentiment nostalgique partagé par Pierre, 54 ans, « ce personnage m’a appris l’humour. J’ai rigolé à gorge déployée lorsque sortait un nouvel album ! Encore aujourd’hui, longtemps après la disparition de Franquin, il y a des rééditions et je dois avouer que je ressors de temps à autre un album et la magie du rire est toujours intacte ! ». Mis à part Gaston Lagaffe, d’autres personnages de l’œuvre de l’auteur belge Franquin a marqué des générations. Michel, 71 ans, est catégorique : « Pour moi, Franquin est le plus grand. J’ai quasiment appris à lire avec Spirou et Fantasio ».

L’« humour intelligent mais pas grossier » de Gotlib

C’est un autre auteur qui a donné des émotions fortes à Fabien, 50 ans. Plus qu’un personnage, c’est un auteur qui m’a marqué étant môme et reste à ce jour une sorte d’idole pour moi : Gotlib. Il ajoute : « La Rubrique à Brac, Les Dingodossiers, Pervers Pépère, Rhââ Lovely et Rhââ Gnagna, Cinémastock (avec Alexis)… Ma grand-mère avait chez elles des recueils de Pilote. J’ai grandi en les lisant, les relisant, pour comprendre un peu plus les vannes de Gotlib, pas toujours destinées à un jeune public… Son humour est devenu le mien, intelligent sans être intello, graveleux sans être grossier, premier degré ou 237e degré. Difficile de sortir un personnage du lot chez Gotlib, tant il a réussi à en faire vivre beaucoup, souvent en s’inspirant de ses comparses de plume, voire de lui-même (oui, mégalo, mais pas trop). »

La revue franco-belge Spirou a décidément donné le goût des bulles à de nombreux lecteurs. Comme à Benoît 38 ans, « la BD qui a marqué mon enfance est sans aucun doute Soda. J’ai commencé par suivre les épisodes publiés dans Le Petit Spirou puis ai fait l’acquisition des tomes étant plus grand. Aucune ne m’a procuré autant de plaisir. Que ce soit le style graphique, l’humour cynique du personnage ou le scénario, chaque album est une pépite. Mon seul regret est l’absence de vrai fin pour le moment, et les nombreuses interrogations qui demeurent ».

Blueberry, « une claque visuelle »

Le nom de Moebius revient aussi à plusieurs reprises. « Blueberry (album Nez Cassé), une claque visuelle. A partir de cette BD, j’ai dévoré les albums de Gir ou Moebius et, à 56 ans passés, je suis encore un fan », explique Sébastien. « S’il ne faut en garder qu’un, alors ce serait l’Incal de Jodorowsky et Moebius, les 6 tomes. Une fresque extraordinaire, un scénario fantastiquement abouti, un dessin de génie » pour Jean-Christophe, 53 ans.

Jacques, 64 ans, a même puisé dans une bande dessinée des réponses à des secrets de famille : « La Guerre éternelle de Joe Haldeman et Marvano est l’un des témoignages les plus pertinents sur l’absurdité de la guerre et le décalage ressenti par les combattants et leurs proches qui ne peuvent comprendre ce à quoi ils sont confrontés. Ce décalage, décrit par de nombreux auteurs ayant participé aux boucheries de la Première Guerre mondiale et par les soldats des guerres coloniales, est génialement illustré dans le roman de Joe Haldeman par le décalage temporel entre les soldats voyageant à des vitesses relativistes et leur famille restée sur terre. Un livre brillant, poignant et pourtant optimiste écrit par un auteur vétéran du Vietnam et physicien qui réussit à transmettre l’indicible. »